CORRESPONDANCE UNITARIENNE | décembre 2004 |
Les informations | |
Assemblée des chrétiens unitariens du Burundi (ACUB) Fulgence Ndagijimana, président de l’ACUB, a séjourné en
France, Espagne, Belgique et Hollande du 11 octobre au 6 novembre. Sa
famille d’accueil, responsable du bon déroulement de son
programme, a été celle de Mr et Mme Barbier, à Gradignan.
Son programme s’est déroulé comme prévu. International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) Contrairement à une opinion parfois répandue en France (voir par exemple ce qu’avance par erreur Michel Baron dans son livre sur les unitariens p. 144-146), ce n’est pas l’Unitarian Universalist Association of Congregations (UUA) qui « fédère » les unitariens du monde entier, même d’une façon informelle, mais, depuis sa fondation en 1995, l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU), dont le siège est à Prague et qui regroupe toutes les sensibilités unitariennes, y compris les institutions déclarées chrétiennes, à commencer par nos Eglises historiques en Roumanie et en Hongrie. Certes, l’UUA est une organisation qui a du poids et dont les révérends ont le mérite d’être très actifs et de participer aux colloques et rencontres unitariennes dans le monde entier, mais elle a su respecter les identités nationales et éviter tout impérialisme culturel. Les associations qui, hors Etats-Unis, se réfèrent au modèle de l’UUisme développé au sein de l’UUA le font délibérément et en toute indépendance. En Espagne, par exemple, la SUUE, n’est nullement inféodée à l’UUA. L’ICUU fêtera le 10ème anniversaire
de sa fondation à Monserrat
(dans un hôtel proche de la célèbre abbaye), en Aragon,
du 3 au 8 novembre 2005. Nous avons demandé à Fulgence
Ndagijimana, président de l’Assemblée des chrétiens
unitariens du Burundi et membre de la commission sur l’Afrique,
de représenter officiellement notre réseau auprès
de cette instance. RUFF Pierre-Jean, 2004 - Marie de Magdala, figure de proue du christianisme de sensibilité gnostique, Nîmes, Ed. Lacour-Ollé , 164 p. 4Vous pouvez aussi vous adresser directement à l’auteur (17, rue des Boulangers, 75005 Paris, tél. +33 (0)1 44 07 00 70) Garder ses dogmes ? De François
Trubert, La lecture de la livraison de « Correspondance Unitarienne » d’octobre 2004 provoque ma réflexion. […] Depuis que je corresponds avec Jean-Claude Barbier, la notion de dogme ressort régulièrement. Qu’il soit permis, à quelqu’un qui continue à se réclamer du catholicisme, d’approfondir sa pensée. Voyons le Petit Robert – Dogme, du latin et du grec Dogma : « opinion, croyance » – Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable…On s’aperçoit tout de suite du glissement : ce qui pouvait être une opinion pour Cyrille d’Alexandrie, Arius ou Augustin est devenu une vérité incontestable pour Josef Ratzinger, ce qui était une réflexion, voire une méditation, est devenu une doctrine. Je suis obligé de m’attarder sur la construction de cette doctrine au cours des siècles. Les premières communautés chrétiennes, essentiellement de culture hellénistique, ont consigné des bribes de la vie d’un certain Joshwah, crucifié à Jérusalem, que ses disciples affirment avoir revu vivant après sa mort. Paul-Shaul, ou ceux qui utilisent son nom, établit les premiers éléments d’une doctrine du salut et de la justification. Il faut noter qu’à ce moment personne ne se dit théologien. Dans la culture grecque, le monde de la pensée était dominé par la tradition philosophique et, tout naturellement, les intellectuels qui rejoignaient la foi nouvelle ont utilisé cet outil pour analyser les croyances et ont commencé à construire une doctrine ; plus tard, l’Occident a repris ce corps de pensée et l’a adapté à ses modes. Dès le début, de grands débats, dans la tradition philosophique, ont opposés les grandes écoles de ce qui devenait théologie, entraînant exclusions, condamnations, y compris sanctions physiques pouvant aller jusqu’à la mort. Notre Symbole de Nicée a gardé le souvenir de ces querelles. La théologie – la science de Dieu ou le discours sur Dieu – Le mot lui-même est une contradiction. S’il y a un Dieu, il est au-delà de toute connaissance et donc de toute science ou discours. « Alla akbar ». Les théologiens construisent de beaux édifices auxquels ils ajoutent sans cesse de nouvelles pièces et personne n’a l’idée de vérifier si les fondations existent. Je me flatte de culture scientifique – grosse comme un grain de moutarde. La réalité de la matière est irréductible à tout langage humain et même à tout concept rationnel. Quand on va aux limites de l’infiniment petit, de l’infiniment grand, les notions d’espace, de temps, de localisation, d’identité s’évanouissent. Pendant que les théologiens écrivaient leurs traités, les scientifiques, c’étaient quelquefois les mêmes personnes, établissaient des théories de la matière. Mais, de temps en temps, ils étaient obligés de confronter la théorie à l’expérience. Il fallait alors tout reprendre. Pour le moment, la Relativité et la Théorie des Quanta tiennent le coup. Elles ne se prétendent pas définitives et justifient le début de ce paragraphe. S’il en est ainsi du monde matériel, je dirai du monde créé, combien plus du Créateur ! Thomas d’Aquin prétendait décrire l’univers et son Dieu dans une « Somme » alors qu’il n’avait aucune connaissance sur l’air qu’il respirait. L’Eglise romaine a fait de son œuvre la base de son enseignement. Alors les dogmes ? Je pense que ce sont des repères sur le chemin de la vérité que chacun est invité à suive. « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Je ne sais pas si j’adhère au dogme de la Trinité. Je crois que Joshwah appelait Dieu : « Papa ». Je crois que le Souffle de Dieu apparaît dans la Bible de la Genèse à l’Apocalypse. Je crois que « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ». Pour moi tout le reste est littérature et spéculation sans fondement. Je n’autorise personne à condamner ma croyance et j’interdit à tout le monde, fut-ce l’évêque de Rome ou le patriarche de Moscou, de condamner ceux qui pensent différemment. Joshwah ne nous demande pas de « tolérer » ceux qui pensent autrement que nous mais : « Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs » et : « Ne jugez pas pour n’être pas jugé ; car du jugement dont vous jugez on vous jugera ». Et il y a des Torquemada et des Calvin ! Faut-il encore lire les catéchismes ? Xavier Lecoeur, journaliste « Question : combien de fois avons-nous consulté le Catéchisme de l’Eglise catholique que nous avons été nombreux à acheter dès sa parution en 1992 ? Une fois, deux fois peut-être. Guère plus pour la majorité d’entre nous. Pourtant, ce catéchisme est un peu comme le « code de la route » de notre foi. Il doit nous aider à éviter les accidents de conduite, désignés jadis sous le terrible nom d’hérésies. Dernièrement, lors de la fête de la paroisse, une femme confiait à sa voisine : « On ne parle plus que de Jésus. Il faudrait parler un peu plus de Dieu. C’est quand même son Père et il est plus important que lui, non ? ». Oh, le joli relent d’arianisme ! Arius était un prêtre qui établissait une hiérarchie dans la Trinité, refusant au Christ une divinité entière. Pour lui, Jésus, créature exceptionnelle, est inférieur au Père. Ses vues furent condamnées au concile de Nicée (325). Un peu plus tard, un autre paroissien regrettait que l’on s’en remette trop au Ciel : « L’homme a suffisamment de volonté pour choisir de faire le bien ou le mal. C’est trop facile de toujours demander à Dieu de nous aider ». Inattendu, ce brusque accès de pélagianisme ! Pélage accordait en effet un caractère tout-puissant à la volonté humaine, ravalant la grâce donnée par Dieu au rang d’auxiliaire. Combattues, notamment par saint Augustin, ses thèses furent rejetées lors de plusieurs conciles. Cette belle journée se termina par une veillée. Au moment de choisir les textes à lire, l’un des paroissiens prit la parole : « Je crois qu’il faudrait vraiment privilégier les textes du Nouveau Testament. La figure de Dieu dans l’Ancien Testament est bien trop guerrière pour un veillée pacifique comme la nôtre ! ». Marcion venait soudain de faire irruption dans notre assemblée ! Qui était Marcion ? Un philosophe qui opposait le Dieu d’amour de l’Evangile au Dieu prétendument vindicatif de l’Ancien Testament, ce qui lui faisait réduire la Bible au seul Evangile de Luc et aux épîtres de saint Paul. Il fut excommunié en 144. Bref, nous autres, catholiques, ne sommes à l’abri de rien, et surtout pas de l’erreur. Car, si l’amour donne tout son souffle à la foi, le dogme en semble bien la colonne vertébrale. Alors, pour que Marcion, Arius et Pélage ne s’invitent plus dans nos assemblées, pour éviter d’aboutir à une religion approximative, peut-être faudrait-il, de temps à autre, se replonger dans notre Catéchisme … L’Eglise n’est pas née d’hier. Ses penseurs, Pères et Docteurs, ont laissé de tels trésors qu’il serait dommage de dédaigner. Peu importe le rythme de chacun, l’important est de s’y mettre ! » [ndlr n’engageant qu’elle-même : et si au contraire on jetait tous les catéchismes à la poubelle ?] Raphaël Picon, « De Gaulle, au service … de la théologie
? », « […] Jésus-Christ nous renvoie à une personne et à un titre. Jésus est un homme, historiquement déterminé, né d’un homme et d’une femme, et ce Jésus est reconnu comme « Christ », comme « oint », messie, choisi, envoyé par Dieu. Dire « Jésus-Christ », revient donc à confesser que cet homme Jésus est bel et bien Christ pour nous. Le rappel de cette distinction peut s’avérer utile dans le contexte du dialogue inter religieux. […] Jésus n’est pas le seul Christ. Il n’épuise pas, à lui seul, la possibilité d’autres Christs. […] nous pouvons postuler que Jésus fut un parfait Christ, que son existence fut entièrement consacré à l’exercice de sa fonction, que tout ce que nous savons de sa vie à travers les évangiles fut structuré par la présence agissante de Dieu. […] Refusant de baigner en pleine mythologie et de penser que Dieu serait descendu du ciel pour se glisser dans un corps d’homme, John Hick (théologien britannique, auteur de The Rainbow of faiths, Londres : SCM Press, 1995), à la suite de beaucoup d’autres dont John Cobb ou Paul Tillich, considère que Jésus-Christ incarne la volonté de Dieu […]. Il s’agit donc ici de penser l’incarnation d’une manière métaphorique. Jésus est le Christ en tant qu’il incarne la parole de Dieu, en tant qu’il révèle ce que Dieu veut nous dire et rend celui-ci plus proche, plus vrai, plus crédible. Jésus n’incarne pas Dieu en vertu d’une naissance qui serait plus extraordinaire et miraculeuse que n’importe qu’elle naissance et qui ferait de lui un être hybride, pour ne pas dire … un « monstre ». Jésus incarne Dieu en vertu de l’intensité de la présence de Dieu en lui. Une telle conception de l’incarnation a le mérite de ne pas la réserver à Jésus. Ce dogme peut ainsi être une manière de rendre compte de la présence agissante et transformatrice de Dieu dans tous les éléments du cosmos. L’incarnation concerne la totalité du réel, des humains, des animaux, des végétaux, des minéraux, dans la mesure où Dieu lui-même est présent au monde et l’enrichit sans cesse de nouvelles possibilités. Comme le dit le philosophe Whitehead : « le monde vit de l’incarnation de Dieu ». Le coin des maximes Avez-vous perdu la foi de votre enfance ? Bon débarras Correspondance
unitarienne vous souhaite de bonnes fêtes de fin
d’année, |
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