CORRESPONDANCE UNITARIENNE | mai 2004 |
L'Encyclique et le Cénacle | |
« Nous éprouvons
le Christ ressuscité à l'intérieur de nous-même. L'Encyclique
et le Cénacle Je viens de lire l'encyclique
Ecclesia de eucharistia. L'essentiel était déjà dans mon petit catéchisme.
C'est le rôle du magistère de rappeler la doctrine mais
je croyais, qu'entre temps, il y avait eu un concile consacré à l'aggiornamento… Eucharistie solitaire ou acte communautaire ? Pourtant quelque chose a changé ; mes maîtres
m'avaient appris que l'eucharistie avait obligatoirement un aspect communautaire ;
c'était à l'époque de Pie XII et tous portaient
la soutane. Ils enseignaient qu'un prêtre ne pouvait pas célébrer
valablement en l'absence de fidèles. Je me souviens de l'exemple
de Charles de Foucault, isolé géographiquement de tout
groupe chrétien, qui ne pouvait célébrer. Jean-Paul nous apprend qu'il
a eu la joie de célébrer à l'endroit
où la tradition place le cénacle ; anecdote ?
C'est à voir. C'est vrai qu'il a dû être sympathique
ce repas au cénacle. La journée avait été fatigante
mais pour une fois Joshwah s'était laissé acclamer par
la foule en tant que fils de David. On se retrouvait entre proches pour
fêter la Pesah. Les femmes veillaient à ce que rien ne manque.
Au cours du repas, le seigneur a partagé le pain. C'était
un geste bien connu mais cette fois il a prononcé des paroles
difficiles. Avec lui, on était habitué. Un jour Cephas
lui a dit : « Ces paroles sont dures. Qui donc pourrait
les accepter ? ». Pourtant tout le groupe s'est
senti soudé autour du Christ. Un peu plus tard, il a fait circuler
la coupe de vin : « Ceci est mon sang qui sera répandu
pour vous et pour la multitude ». Toujours l'annonce
de la souffrance et ce besoin d'élargir le groupe, de s'ouvrir à ceux
qui ne sont pas des nôtres. Un jour, Johann, le bien aimé, vient lui
dire : « Il y a quelqu'un qui chasse les démons
en ton nom. Nous avons voulu l'en empêcher car il n'est pas de
ceux qui nous suivent. » Joshwah : « Laissez
le faire…Qui n'est pas contre nous est avec nous ».
Il y avait eu aussi les enfants turbulents, l'aveugle de Jéricho,
la Cananéenne. A chaque fois, Joshwah accueillait le gêneur,
au point qu'on avait plus le temps de manger ni de dormir. Cette fois aussi où les disciples avaient laissé le
Maître se reposer à l'ombre. Leur surprise de le trouver
en conversation avec une femme… Et quelle femme ! La soirée
chez Zachée ; la gêne de se trouver chez ce réprouvé,
obligés de lui faire bonne figure et de partager son repas puisque
le Seigneur l'avait décidé. « Les prostituées
et les trafiquants entreront avant vous dans le Royaume ». Enfin, ce soir on était entre soi. On était
dans la chaleur de l'amitié. On pouvait faire de la musique et
chanter ensemble (p. 47)… Jusqu'au moment où il a fallu
sortir. Après, on s'est retrouvé dans la grande pièce.
On fermait les portes par peur des Juifs. Deux ou trois fois, il s'est
trouvé au milieu du groupe sans qu'on sache bien comment. Il y
a eu surtout ce vent de folie de la Pentecôte. Tout d'un coup,
les portes se sont ouvertes ; on a parlé à tout le
monde et tout le monde comprenait. L'Esprit saisit des gens qui n'était
pas des nôtres et il a bien fallu les accepter. Même ce Shaul-Paulus
qui avait été l'adversaire. Depuis, sans cesse, l'Esprit
pousse des prophètes à sortir du cénacle pour aller
annoncer le Bon message mais sans cesse, aussi, les hommes dressent des
barrières entre ceux qui sont des nôtres et ceux qui ne
sont pas dans « la communion totale dans les liens
de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésiastique » (p.
44). Celui-ci ne croit pas à l'Immaculée Conception ;
cet autre pense que la femme a les mêmes prérogatives que
l'homme. Celle-ci mène une vie dévergondée. Une
autre a tenté de se suicider. Celui-là vit avec un autre
homme, à moins que ce ne soit avec une femme divorcée.
Il porte des plumes sur la tête. Elle mange des choses dégoÖtantes.
Elle est fille mère. Il est circoncis ; il ne l'est pas.
Ils vivent de rapines ou de trafics. Ils ne reconnaissent pas l'autorité du
Pape. Leurs ministres ne sont pas ordonnés validement. « Ils
persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste (p.
37) ». Il est question de mystère à toutes les
pages de l'encyclique mais, par définition, un mystère
ne peut être enfermé dans une formulation humaine, si perfectionnée
soit-elle. Les scientifiques le savent bien pour lesquels une théorie,
une expression, peuvent toujours être modifiées, voire abandonnées
si des éléments nouveaux apparaissent. Pourtant leurs mystères
ne sont que ceux de la Création. Ici nous touchons à ceux
du Créateur. Le Christ ne nous a laissé que des images,
des paraboles. S'il l'avait voulu, il aurait pu faire rédiger
des traités pour régler toutes les questions définitivement.
Il ne l'a pas fait ; il doit y avoir une raison. « C'est
moi qui suis la voie, la vérité et la vie ». Le mystère est une invitation à approfondir notre foi par la méditation et la contemplation. De nouveaux aspects sont toujours à découvrir. Certains sans doute sont émerveillés par la transsubstantiation (p. 15). Moi, ça ne me dit rien du tout. Je n'oublie pas que le seul fait d'écrire cela aurait pu me conduire aux galères au XVIIéme siècle. Au cours des âges, combien de chrétiens, des savants et des ignorants, ont rencontré Joshwah dans l'eucharistie, combien de communautés, religieuses ou villageoises en ont nourri leur vie, dans l'Eglise romaine ou dans les multiples confessions qui ont eu des raisons de s'en séparer. Chacun, chacune, a sa vision dans son esprit et dans son coeur. L'Esprit de Dieu qui est amour souffle où il veut et il ne nous appartient pas de lui fixer des limites. « Qu'ils soient unis comme Toi et Moi nous sommes unis ». Pour conclure, je crains de ne pas accepter la vérité intégrale de la foi sur le Mystère eucharistique (p. 38). |
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