Etrange réponse que celle
de Heinz Birchmeier à une question de lecteur, fondamentale à mes
yeux (in: Bonne Nouvelle , Eglise protestante vaudoise,
septembre 2007): “
Quelle est l’utilité de faire partie d’une
Eglise ? (...) “
Heinz Birchmeier écrit :
“ Malgré toutes les erreurs dans lesquelles l’Eglise
a pu tomber au cours des siècles, s’il n’y
avait pas eu une structure pour nous transmettre cette foi,
il y a bien des chances qu’elle se soit perdue dans
la nature depuis longtemps. Même si la foi chrétienne
a subi d’importantes dérives, c’est le
miracle du Saint-Esprit que de toujours rouvrir un avenir à la
Parole de Dieu. Alors, si je participe au culte, ce n’est
pas pour mon profit personnel (...), mais c’est aussi
pour contribuer à la pérennité d’une
Parole de Dieu dite au monde, transmise par les Eglises,
toutes (sic) pécheresses qu’elles soient”.
Cette
réponse me trouble. Non par la grosse faute d’orthographe
qui y trône, mais par cette espèce de fausse
logique qui se voudrait élevée au rang du bon
sens. Si les Eglises subsistent par la miracle du Saint-Esprit
en vue
d’assurer leur pérennité, que les logiciens
de l’Eglise nous expliquent l’impuissance du
Saint-Esprit à leur
assurer pour le moins les conditions convenables pour perdurer
sans donner dans “les importantes dérives” ou
les activités “pécheresses”. L’Eglise
apparaît donc comme le vecteur choisi par Dieu de la
transmission de Sa Parole. Et il aurait aussi plu à Dieu
qu’elle fût divisée, pécheresse,
et qu’elle dérivât....
Cette réponse
me trouble aussi à un autre point
de vue qui concerne le rôle même de l’Eglise
qui serait appelée à faire perdurer la Parole
de Dieu. Car finalement, de quelle Parole s’agit-il?
Il ne saurait être question du Logos, de ce Verbe fait
chair (?) “et verbum caro factum est” qui était
au commencement ou plus exactement dans le principe: “in
principio” et dont la nature ontologique relève
de l’Etre et non d’une quelconque volonté de
ses créatures. S’agirait-il plutôt des
livres saints? De la Bible comme “Parole de Dieu”,
inerrante comme disent les Anglo-Saxons “from cover
to cover”?
Ce serait accorder aux textes une valeur que ne lui reconnaissent
guère plus que les tenants du fondamentalisme.
Et puis,
nous savons bien qu’un calviniste, un catholique
romain, un darbyste, un orthodoxe grec, russe ou roumain,
ou un luthérien, un baptiste, un mennonite et nous
pourrions ainsi noircir d’encre des pages entières,
ont tous en commun la conviction d’être, très
précisément de cette Eglise, celle-là,
la vraie, l’unique, ou pour le moins l’une des
plus proches qui soient de la volonté et du désir
de Dieu de faire perdurer l’Eglise...à laquelle
ils appartiennent.
Jacques Herman. 28 août
2007 |
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