La dernière réunion à Paris
du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat – le GIEC – fait couler beaucoup d’encre
et de salive et suscite l’émoi : l’Homme,
ce salaud, serait responsable de 95 % du réchauffement
climatique et du cortège de conséquences apocalyptiques
que cela comporte(rait). Quelle culpabilité lourde à porter
: non seulement ce snul a commis le péché originel,
mais voilà qu’à présent il active
le feu du pétard final ! Tout de suite, ajoutons un
bémol : ce pourcentage n’est qu’une probabilité,
discutée, liant les activités humaines à une
hausse de la température des dernières décennies,
hausse sujette à controverse elle aussi.
L’ignorance
dans laquelle je me trouve en compagnie de bon nombre de mes
semblables, si elle me conduit à être
très impressionnée par le langage scientifique
quelquefois hermétique des uns et des autres – qu’ils
soient spécialistes ou simplement perroquets – me
pousse quand même à rester circonspecte et à ne
pas céder à la tentation de me laisser convaincre
par des propos savants et, subséquemment, à une
panique irrationnelle.
«
Le Consensus scientifique n'est pas synonyme de "vérité certaine" et
lorsque l'on manque de connaissances expertes pour évaluer
une prise de position scientifique, le meilleur choix est
de faire appel au Consensus. » (1) ? C’est
ce qu’ont
fait les membres du GIEC.
Donc, des experts manquant de connaissances
expertes sont arrivés à un
consensus, malgré ce que disent ou contredisent d’autres
experts, gradés, décorés et reconnus
eux aussi mais ne faisant apparemment pas partie de la majorité ni
du GIEC, ce dernier ne s’exprimant en outre qu’en
termes probabilistes.
Le moins que l’on puisse dire
est que le doute subsiste. Cependant, l’incertitude
est une arme à double
tranchant qui ne peut être brandie pour justifier l’inertie.
Au contraire, elle peut même suffire à légitimer
la prudence, fût-elle in fine inefficace ou superflue.
Tout dépend de l’enjeu.
«
Le système climatique est très complexe et
instable » (2)
et plusieurs phénomènes indépendants
de l’activité humaine l’influencent. À cela,
on ne peut rien changer. En revanche, comme pour les CFC,
on peut intervenir sur les facteurs qui dépendent
de nos activités. Et même si globalement certaines
actions ne représentaient qu’une goutte d’eau
dans la mer, il faudrait quand même les entreprendre
et les mener à bien mais sans oublier l’essentiel
: donner enfin à la recherche les moyens de trouver
des solutions satisfaisantes et réellement efficaces à grande échelle.
Nul besoin pour cela de se sentir coupable
et d’avoir
peur. Nul besoin de prononcer le credo des 500 ni de suivre
aveuglément Saint Hulot (pour ne pas dire Saint Nicolas)
dans son honorable croisade : le simple bon sens suffit.
Nadine
de Vos, le 5 février 2007
(1) Voir sur le site
de GreenFacts, le dossier « Réchauffement
climatique ».
(2) Voir l’article de Paul Charbonneau,
prof. titulaire de la Chaire de Recherche du Canada en Physique
Solaire (université de
Montréal)
NOTE
Le
journal Le Monde publie, ce 6 février, un "point de vue" intitulé "Pas
de certitude scientifique sur le climat".
L'auteur,
Serge Galam est physicien au CNRS et membre du CREA (Centre
de recherche en épistémologie
appliquée) de l'École polytechnique.
Il souligne que si nous sommes effectivement responsables
du réchauffement climatique,"notre avenir est
entre nos mains". Par contre si la thèse "canonisée" par
le GIEC était erronée et que les causes du
réchauffement étaient indépendantes
de nous, le choix actuel nous mettrait en danger car au lieu
de "démultiplier la recherche fondamentale et
appliquée des moyens qui nous permettraient de vivre
indépendamment des conditions climatiques (...), toutes
nos énergies et ressources se trouveraient réduites
et contrôlées."
Et nous irions dans le mur...
Intégralité du
texte ici
|