La rubrique « Petite
Gazette » du
présent site nous propose, à propos du scepticisme,
la définition suivante :
Le scepticisme
Dans le langage courant,
celui que l'on appelle "le sceptique" ne
prend rien au sérieux; il voit dans la vie un jeu où tout
n'est qu'apparence et illusion. À ses yeux, c'est une
entreprise vaine que de lutter pour la justice, de s'interroger
sur la vérité ou de chercher un sens à l'existence.
Il se laisse porter par les circonstances; il vit au gré des événements;
il va vers le plus facile; il n'a aucune conviction profonde.
De
nos jours, le scepticisme tend à se répandre,
non pas comme une position réfléchie, mais
plutôt
sous la forme d'une attitude pratique. Beaucoup de nos contemporains
sont atteints par cette "maladie spirituelle" que
constitue l'indifférence aux grands problèmes,
le refus de se soucier du sens de la vie et du monde.
Ce scepticisme-là est
contraire à la Vie.
Le personnage
d’opérette mis en scène ci-dessus, s’il
dénonce certaines attitudes ou certains faits de société,
n’a en réalité rien d’un sceptique.
La description proposée qui, de façon absurde,
réunit sous une même étiquette les démissionnaires,
les agnostiques par facilité, les athées par
indifférences, les écervelés, les inconscients
et autres inconséquents, ne peut en aucun cas prétendre
définir le scepticisme, même selon un
sens trivial.
Interrogé, le « Trésor
de la langue française » donne, pour « scepticisme » dans
le sens courant : Attitude, disposition d’esprit
d’une personne portée à l’incrédulité ou à la
défiance envers les opinions et les valeurs reçues. Le
sceptique serait donc progressiste ?
Le « Petit
Robert » embraye : Doctrine
d’après laquelle l’homme ne peut atteindre
la vérité dans un domaine ou sur un sujet déterminé et
André Comte-Sponville confirme : le scepticisme,
c’est le contraire du dogmatisme, au sens technique
du terme. Être sceptique, c’est penser que (…)
nous n’avons accès à aucune certitude
absolue. Le
sceptique serait donc sage ?
Nous sommes déjà bien éloignés
de la cigale à tête de linotte décrite
dans ces colonnes !
Faisons un petit pas hors du sens
commun pour mettre entre parenthèses le scepticisme
de Pyrrhon et consorts qui déclare que toutes choses
sont également indifférentes,
immesurables, indécidables. Ce scepticisme-là se
doit de s’inclure dans son propre doute – puisque
rien n’est certain – et donc, se saborder. De
plus, le scepticisme radical qui considère comme inexistant
tout ce qui n’est pas prouvé scientifiquement,
devrait se réfuter lui-même puisqu’il
affirme une inexistence, ce qu’aucune science ne peut
démontrer
et ce n’est d’ailleurs pas son propos.
Les croyances
qui font appel à une réalité métaphysique,
immatérielle, surnaturelle ne font donc pas partie
des sujets mis sur la sellette sceptique car cette supposée
réalité ne peut être vérifiée
ou falsifiée. Il n’en va pas de même pour
les croyances collatérales, relatives à de
prétendues
interventions du surnaturel dans le monde matériel,
qui peuvent être scientifiquement examinées.
Le sceptique « modéré »,
loin d’être une jouette indifférente et
amorphe, va s’efforcer de ne pas mélanger connaissances
et croyances et de ne pas placer au même niveau
de vérité les
croyances qui portent sur la réalité physique
et les croyances métaphysiques qu’il ne
peut nier car elles existent bel et bien même si leur
objet lui est douteux.
Nous ne sommes pas tous également
doués pour
la crédulité, alors : Adorez qui vous
voulez, avec les yeux fermés et les oreilles bouchées
sans tricher… mais ne demandez pas aux sceptiques d’entrer
dans la danse et de faire la révérence.
Nadine
de Vos, le 29 octobre 2006 |
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