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Lire la Bible - 3. Un livre traduit Imprimer


Jacques Chopineau

Dès l’origine, les traductions ont joué un rôle primordial. En grec d’abord : la version des Septante, devenue la Bible chrétienne, était d’abord une oeuvre juive alexandrine destinée à ces israélites égyptiens qui ne comprenaient pas l’hébreu. Cette version grecque a servi de base à des traductions chrétiennes dont quelques unes sont encore en usage (syriaque, copte, éthiopien...).

L’Occident a utilisé des Bibles latines traduites du grec jusqu’à ce que la fameuse traduction de Saint Jérôme (4ème siècle) les remplace et les supplante. La Bible latine va régner en Occident pendant des siècles, au point de devenir la Bible catholique à partir d’une session du Concile de Trente (1546) et, au moins officiellement, jusqu’à l’encyclique «Divino afflante spiritu» (1943).

Cependant, à partir de la Renaissance et de la Réforme protestante, d’autres traductions vont jouer un rôle considérable dans l’histoire religieuse et culturelle des pays d’Occident. C’est le cas de la traduction de Luther (1534 pour la Bible complète) dans les pays de langue allemande ou de la traduction anglaise (King James Bible - 1619) dans les pays anglo-saxons.

On peut penser que si la Réforme avait trouvé en France un terrain plus favorable, la Bible d’Olivétan (publiée à Sestrière près de Neuchâtel en 1535) aurait connu un sort analogue. Au lieu de cela, cette première Bible française n’a été que le prototype des Bibles protestantes publiées longtemps hors de France (Bible de Genève, Osterwald, Martin,…).

La traduction française classique de Lemaître de Sacy a été faite sur le texte latin de la Vulgate. Ainsi, pour longtemps, le monde intellectuel français sera formé à une Bible latine ou traduite du latin en français classique.

Le seizième siècle voit d’ailleurs surgir des traductions dans toutes les langues européennes modernes (Basque, Espagnol, Hongrois, Polonais, Etc.). L’histoire des traductions de la Bible est le révélateur de sa diffusion en Occident.

À partir du dix-neuvième siècle, les sociétés bibliques prendront en charge une diffusion à l’échelle des langues du monde. De très loin, aucun livre n’a été autant traduit et diffusé en autant de langues. 

Jacques Chopineau, Lire la Bible, Ed. de l'Alliance, Lillois, 1993, p.8-9