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 Les chroniques



    Nadine de Vos

 

 

 

   

 


Pour tout vous dire…

 

 

Le billet d’humeur « Boussole morale » que j’ai écrit récemment et qui a été publié dans ces colonnes, a été vivement critiqué, ce qui est compréhensible tenant compte du style pamphlétaire du texte.

Parmi les reproches qui m’ont été adressés, celui d’avoir « attribué » à Israël des méfaits dont je ne donnais pas le détail et qui étaient dès lors considérés comme des allégations non étayées voire des arguments spécieux ou des fantasmes (sic).

Au risque évident de défoncer des portes ouvertes, je vais tenter de préciser mes propos.

Si, contre toute attente, certaines personnes ne verraient pas à quels « méfaits » et « crimes » il est fait allusion dans mon article, via une citation de Michel Warschawski, je les invite à lire les journaux, écouter la radio ou à regarder les actualités à la télévision.

Ou à être attentif à ce que dit le Conseil des droits de l'homme des Nations unies ou, par exemple, la ministre suisse des Affaires étrangères : « En cas de violations des Conventions de Genève, l'État dépositaire que nous sommes a le devoir, je dis bien le devoir, de les dénoncer. » - « certains voudraient qu'au nom de la neutralité la Suisse s'abstienne de prendre position quant au respect du droit humanitaire. Je leur dis que celui qui ne s'insurge pas contre la terreur n'est pas neutre, il consent. Se taire dans ce contexte signifie prendre parti. »

Ou à lire l'article paru le 26 juillet sur le site de Protestants dans la Ville, signé par R. Bois, M. Bottazzi, M. Warschawski et R. Saloumi, intitulé "La paix, oui la paix" (1).

Ou encore, à prendre un livre d’histoire. Ou consulter les textes de quelques résolutions de l’ONU, par exemples parmi d’autres (2) :

• Assemblée Générale de l’ONU (AG) 22/53 : 4 juillet 1967 - l'annexion de Jérusalem-Est par Israël est déclarée illégale.

• Conseil de Sécurité de l’ONU (CS) 242 : 22 novembre 1967 (unanimité) au lendemain de la guerre des Six jours - affirme « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre » et exige « le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit »

• AG 24/43 : 19 décembre 1968 - s'inquiète de la « violation des droits de l'homme dans les territoires occupés par Israël ».

•AG 32/26 : 22 novembre 1974 – « réaffirme les droits inaliénables du peuple palestinien en Palestine, y compris :

a) le droit à l'autodétermination sans ingérence extérieure;
b) le droit à l'indépendance et à la souveraineté nationales.
Réaffirme également le droit inaliénable des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens, d'où ils ont été déplacés et déracinés, et demande leur retour; souligne que le respect total et la réalisation de ces droits inaliénables du peuple palestinien sont indispensables au règlement de la question de Palestine; reconnaît que le peuple palestinien est une partie principale pour l'établissement d'une paix juste et durable au Moyen-Orient; reconnaît en outre le droit du peuple palestinien de recouvrer ses droits par tous les moyens conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations unies; fait appel à tous les États et organisations internationales pour qu'ils aident le peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer ses droits, conformément à la Charte ».

• AG 32/40 : 2 décembre 1977 - fixe la date du 29 novembre pour la «journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ».

• CS 478 : 20 août 1980 - rejette l'adoption par le gouvernement israélien de la loi du 30 juillet précédent, proclamant Jérusalem «capitale d'Israël ».

• CS 509 : 6 juin 1982 (unanimité) date de l'invasion israélienne au Liban (opération « Paix en Galilée ») - demande le retrait immédiat et inconditionnel de l'armée israélienne du Liban.

• AG 51/26 : 4 décembre 1996 - réaffirme « le droit à l'autodétermination » du peuple palestinien et la nécessité du « retrait d'Israël » des territoires occupés depuis 1967.  Votée à 158 voix contre 2 (USA et Israël).  Cette résolution affirme le « caractère illégal » des colonies de peuplement et des initiatives israéliennes visant à changer le statut de Jérusalem.

À partir de 1967, ce n’est pas un scoop, Israël occupe des territoires qui ne lui appartiennent pas : le plateau du Golan, une partie de la Cisjordanie, une partie de la bande de Gaza et la partie est de Jérusalem.

Ce ne sont ni des états d’âmes ni des réactions viscérales mais des faits. Et il y en a d’autres, et il y a encore le mur… mais il faut bien s’arrêter quelque part.

Les lecteurs mécontents et injurieux appelleraient-ils cela des « bienfaits » ?
Je trouve désolant que mon « pamphlet » ait été prétexte à insultes et diffamation. Et je n’imaginais pas à avoir un jour à préciser qu’on n’est pas antisémite parce qu’on n’entérine pas les décisions du gouvernement israélien, qu’on n’est pas révisionniste parce qu’on appelle démocratiquement à une manifestation pour que le casse-pipe s’arrête.

Non, je n’ai jamais remis en question la Shoah. Pas plus que je ne fais porter par les peuples et par les individus la responsabilité des décisions de leurs gouvernements.

Une question me taraude : Comment nomme-t-on les thuriféraires d’Israël qui nient, excusent ou bémolisent les massacres de civils commis par l’armée israélienne ou qui crient au trucage au vu des photos d’enfants morts ou mutilés, à Gaza ou au Liban ?

Nadine de Vos, le 4 août 2006   


(1) http://castelg.club.fr/robybois.htm
(2) Source : Claude Faure, Shalom, Salam – Dictionnaire pour une meilleure approche du conflit israélo-palestinien, Fayard, 2002