JACQUES HERMAN,
préface
de Philippe Lemoine
En préambule, je dois avouer que
lorsque Jacques Herman me fit la grande amitié de
me confier la préface de son ouvrage, je fus tout
d'abord flatté, puis heureux. Vinrent ensuite l'étonnement
et l'appréhension. Soudain, je me suis senti "tout
petit". Comment moi, piètre rimailleur, de ma
modeste plume, allais-je pouvoir être à la hauteur
de la richesse de son œuvre ?
J'en parlerai donc avec
mon coeur et avec toutes les imperfections de mon maigre
vocabulaire, car je sais que, quel que soit le
résultat ou la valeur de mon travail, il me conservera
et me renouvellera son amitié pleine et entière.
Avant toute autre chose, Jacques est un « homme de cœur ».
Jacques Herman, poète de notre temps,
est né le
11 mai 1948 à Tirlemont, en Belgique. Homme sans frontières,
il réside aujourd'hui à Pully, en Suisse. Poète,
il compose depuis son plus jeune âge. Il publie ses
premiers poèmes à l'âge de 15 ans et
son précédent
recueil, « De la Pierre Philosophale », fut édité en
1989.
Poète, mais aussi professeur de français
et d'histoire, homme de mémoire, il transmet son savoir.
A ce titre, il est l'auteur de manuels scolaires et de nombreux
livres
d'histoire dont un fameux «Memento d'Histoire Universelle» paru
en 1978.
Homme de culture, à la fois amateur
et connaisseur d'art, épris
tout à la fois de beauté et de connaissance,
il reste d'une grande simplicité et d'une grande humilité face à son
oeuvre. Il est aussi un « homme de vérité ».
Il nous présente aujourd'hui « Les Gerfauts ».
Un titre-référence qui rappelle cet illustrissime
poète parnassien, José Maria de Heredia. Un
titre en hommage à ce maître du sonnet dont
la vie ne fut qu'une intense quête de beauté entièrement
dédiée à la poésie.
En parlant
de Jacques Herman, je devrais dire « notre
ami Jacques » puisque sa poésie s'enlace à notre
propre vie. D'un trait d'encre, il effleure des gestes et
des âges
avec délicatesse. Il regarde le monde, non pas ce
monde lointain que personne ne connaît vraiment, mais,
confidence, il nous parle du monde voisin, de celui que nous
croisons chaque
matin mais que, trop occupés par nous-mêmes,
nous omettons parfois d'écouter. Glaneur de nos faits
et gestes, révélateur de nos sentiments cachés,
il est à cet égard éveilleur de conscience.
Arpenteur des jardins secrets, il s'arrête
devant un brin d'herbe, une fleur anodine; il perçoit
les facéties
de la nature, il entend les arbres grandir et les hommes
chuchoter à voix
basse. Lorsqu'il se perd dans l'immense clameur de la foule,
il est le seul à aimer cette frêle enfant qui
entend tout mais que personne ne voit.
Ici, d'un regard décalé,
il entrevoit les choses au-delà des apparences. Avec
humour, il se moque de lui-même, et de nous et de tous
nos petits travers. Du quotidien, il dépeint les douceurs,
les fugaces sourires, tous ces petits riens qui, d'un effluve, égayent
l'instant présent. D'un livre oublié, il ne
retient que les poèmes à emporter.
Infatigable
traceur de routes tremblantes, le voici nostalgique comme
nous le sommes parfois le soir. Libérant de ses
mots ses fêlures actives, le voici amoureux d'un moineau,
d'une brindille ou d'une étoile. Mais le voici aussi
critique, révolté, en quête d'un bol
d'air, disséquant avec minutie et justesse l'absurdité humaine.
De la carpe muette, il apprécie le sage silence.
Tout le long de son oeuvre, il nous accompagne comme un autre
nous-même.
Combien de fois ne me suis-je pas dit en
le lisant:
«
j'ai vécu cela », « j'ai vu ceci » ou « comme
cela est juste ».
Jacques Herman nous offre son regard
en partage et, par son regard, les choses se métamorphosent,
sa poésie
nous apparaît comme un bien commun et chacun de ses
vers résonne en nous comme une évidence.
D'une
sensibilité à fleur de peau, d'une élégance
rare, d'une écriture épurée, son recueil
est magnifique. Il peint avec des mots la comédie
humaine, les feuillets s'habillent de couleurs, de chuchotements,
d'odeurs,
de vérités cachées. Sa plume est un
fleuret. Par touches successives, l'âme humaine, dans
sa beauté comme
dans sa laideur, révèle ses inavouables secrets.
En cela, Jacques Herman est un peintre humaniste. Avec lui,
même la mort devient charitable.
Chacun de ses poèmes
est une une petite scène,
un fragment de vie, un miroir brisé qui se met à flamboyer
de mille nuances et éclats dans lesquels chacun d'entre
nous retrouve un écho de lui-même et, de tous
ces morceaux de cristal coloré mis bout à bout,
côte à côte, une fresque apparaît à la
fois hybride et vaste, d'une ineffable poésie. En
cela, il est un magicien.
Oui ! il est dit que Jacques est
notre ami parce que sa poésie
nous concerne autant qu'elle lui appartient en propre ; elle
nous accompagnera tout au long de notre chemin et qui sait
si, de l'au-delà même, nous ne l'entendrons
pas un jour égréner ses vers pour continuer à nous
révéler à nous-mêmes tout en nous
charmant de son eau inépuisable. Philippe Lemoine, poète
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