Ceux
qu’on connaît peu, mais qu’on a appelés
Myriam et Youssef, Marie et Joseph, ont été des
parents exemplaires au sens où ils ont élevé (fait
se lever) leurs enfants avec les deux ingrédients
vitaux de l’éducation : le cadre et la liberté.
Les résultats sont particulièrement probants
en ce qui concerne un de leurs fils : Jésus
-
Ils ont donné à Jésus un cadre
: la Torah transmise par ses ancêtres. Ainsi
Jésus était sereinement ancré dans
une tradition. Avec l’ancre (la racine), l’homme
est serein (solide). Se dégage alors de lui
une autorité naturelle, même devant ceux
qui ont le savoir ou le pouvoir.
- Ils ont porté sur lui un regard profondément positif et confiant,
un regard de parents qui seul enfante l’autre à lui-même,
lui permettant de faire émerger son « Je » et de s’exprimer
(ex- primer = faire sortir de soi) librement.
Ainsi
Jésus, solidement enraciné dans un cadre,
a pu dire « Je », librement et en toute quiétude,
grâce à la confiance de ses parents.
Fort de cette solidité et de cette liberté intérieure
Jésus a pu être totalement à l’écoute du « Tout
Autre » dont il était si proche qu’il avait le sentiment
d’être en présence un « Abba », un papa. Il
traça alors progressivement, de fidélité en fidélité,
son propre chemin.
Son
chemin est simple : ami des hommes, ami de « Dieu ».
Tellement ami des hommes qu’il est profondément
solidaire de l’homme marginalisé, quelle
que soit la cause de sa marginalité (« pécheur »,
malade, collaborateur ….) et va jusqu’à transgresser
le cadre de la Torah pour le secourir .Tellement ami
de Dieu qu’il va jusqu’à exprimer
un blasphème : « le Père et moi,
nous sommes un ».
Ainsi
est Jésus, ami des hommes, ami de « Dieu »,
jusqu’à la transgression et au blasphème.
Alors se déclenche la violence des institutions
religieuses. Suivies par le pouvoir politique, elles
vont jusqu’à faire clouer sur une croix
l’homme spirituel qui subvertit et dépasse
la religion établie. Verticalité de l’ami
de « Dieu », horizontalité de l‘ami
des hommes : voilà ce que représente la
croix.
Des
parents remarquables ont fait émerger un homme
exceptionnel (un véritable « fils de Dieu »,
je récuse le dogme de « Fils unique de Dieu »).
L’exigence spirituelle a déclenché la
violence religieuse.
Etienne Godinot, d’après
un texte de Dominique Thévenon.
07 Mai 2006
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