Si tu es bien sage, Il viendra.
Et il t’apportera beaucoup
de cadeaux. Quand exactement, je ne te le dis pas. Mais sois
sûre que de là-haut il te voit, te surveille.
Il aime bien quand on obéit, se fâche dans le
cas contraire. Tu lui as bien fait ta lettre, au moins ? C’est
bien. Et quand tu dormiras, il descendra par la cheminée,
remplira tes petits souliers. Le lendemain, tu auras une énorme
et belle surprise. Et tu n’oublieras pas, j’espère,
de le remercier...
Comme tu rêves, ma chérie !
Tu es dans les nuages. Tiens, cela doit être ça
son adresse :
«
Père Noël, villa Les flocons, Boulevard
des nuages, Le Ciel. »
Tu ne crois pas ? Comme j’aimerais être à ta
place ! À l’église où j’allais,
on l’appelait : « Le bon Dieu »... Voici
que je rêve aussi, et que je me sou-viens. Viens dans
mes bras, qu’on se câline, et qu’on rêve
ensemble. Et pense à ta surprise...
***
Quelle musique, bien assourdissante ! Mais
c’est la fête
tout de même, tu ne crois pas ? Tout le monde semble
bien s’être donné rendez-vous au supermarché.
Les rayons sont dévalisés, les jouets, la nourriture
pour ce soir de réveillon... Tu penses toujours à ce
que tu auras demain matin, à ton réveil, n’est-ce
pas ?
Mais quel attroupement là ! Pourquoi tous ces
enfants ? Ce photographe ?
Ah ! Je vois. Et tu le vois aussi,
toi.
Et c’est encore une surprise… Il vient avec sa
houppelande rouge, sa barbe blanche, ses lunettes. Il veut
te toucher, te caresser. Mais laisse-le faire, donc ! Et
qu’est-ce
qui te prend ?
Épouvantée, la petite fille se
blottit dans les bras de sa mère. De voir la grosse
figure rougeaude et la neige hirsute si près d’elle,
elle s’angoisse.
Beaucoup d’enfants sont comme elle, violés par
cette intrusion intempestive, cette cruauté bonhomme.
Eh
bien, si je m’attendais à ça ! En voilà encore
une surprise ! Je ne sais plus quoi dire : tu en rêvais
si fort ! Décidément, ma petite fille si songeuse
me surprendra toujours.
***
Vous avez tort, Madame. Réfléchissez.
On ne voit bien que ce qu’on rêve, et on est épouvanté par
ce qu’on voit. Toucher ses rêves, c’est
les détruire. L’attente et l’espoir nous
font, la réalité nous défait. Méditez
donc cette défaite, que vous venez de voir ce soir.
Nos corps eux-mêmes sont en exil.
Et pour ce qui est
des surprises, en voici encore une autre : ce que je vous
dis aujourd’hui, un autre déjà l’a
dit, vers lequel bizarrement nous mène notre histoire.
C’est
saint Paul : Ce que l’on voit, peut-on l’espérer
encore ? Car nous marchons selon la foi, et non selon la
vue.
Michel Théron, le 15 novembre 2005
Romains 8/24 Car
c’est
en espérance que nous avons été sauvés.
Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance
: ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ?
2 Corinthiens 5/6-7 Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous
savons qu’en demeu-rant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur,
car nous marchons par la foi et non par la vue ... |
|