Une
proposition de loi « modifiant le Code civil afin
d’autoriser l’adoption par des couples homosexuels » a été déposée,
le 7 janvier 2004, par M. Guy Swennen (Chambre des Représentants
de Belgique – Doc. 51 0664/001).
Le Parlement belge devait entamer courant mars 2005 les débats à ce
sujet.
Les opposants m’ont contactée… Voici ma
réponse :
Bonsoir C. et F.,
J’ai bien reçu
votre courriel concernant la pétition
contre l’adoption d’enfants par les homosexuels
mais je m’étonne que vous me demandiez de la signer
et de la diffuser.
Il est en effet exclu que je signe et, a
fortiori que je transmette, pareil appel à l'intolérance
et à la discrimination.
Car quoi que vous puissiez écrire, et malgré vos
précautions et autres coquetteries de langage, il
s'agit bel et bien d'intolérance.
Si j’en juge
d’après une information glanée
dans la presse belge (*), votre démarche me semble
par ailleurs tout à fait rétrograde.
En outre,
je ne vois pas de quel droit j’irais m'immiscer
dans la vie privée des gens et porter un quelconque
jugement sur leurs préférences sexuelles. Je
ne vois pas non plus pourquoi, a priori, l’homosexualité de
parents adoptifs serait contraire aux intérêts
d’un enfant.
Je suis bien d’accord pour dire avec
vous que « Les
enfants ont le droit d’être adoptés par
des couples qui présentent le plus de garanties pour
leur développement affectif, psychologique et social » mais
je considère que je n’ai pas l’autorité de
décider que les couples homosexuels ne présentent
pas ces garanties. L'argument psychanalytique avancé ne
m'impressionne pas et je vous suggère de vous informer
sérieusement sur cette pseudoscience avant de l'appeler à la
rescousse.
En termes d’offre et de demande, nous
savons bien que – pour
le moment et dans notre pays – il y a plus de parents
potentiels que d’enfants adoptables et nous connaissons
la rigueur et le sérieux des enquêtes et des
procédures
préliminaires aux autorisations d’adoption.
Je me demande donc bien ici quelle prétention pourrait
m’inciter à vouloir écarter d’office
certaines familles, parce que considérées comme « non
conventionnelles » ? Si je le faisais, et toujours
au nom de l’intérêt de l’enfant,
je devrais également
refuser les personnes économiquement moins favorisées,
les célibataires, etc.
Pour ce qui concerne les adoptions
internationales ayant lieu à l’étranger,
l’offre – pour utiliser un terme économique
choquant dans ce contexte – est beaucoup plus importante.
En vertu de quels pouvoirs irais-je choisir, pour un enfant,
la vie d’orphelinat alors que, peut-être, une
famille est prête à l’accueillir ? Avez-vous
déjà visité des
orphelinats au Vietnam par exemple ? Ou en Roumanie ? Ou
même
dans nos pays privilégiés ? Vous êtes-vous
déjà interrogés – puisqu’il
est question ici du fameux argument psychologique – des
troubles affectifs dont peuvent souffrir les enfants des
homes ? D’où vous vient la certitude que ces
enfants ne seront pas mieux épanouis dans une famille
homoparentale ? Et je n’évoque même pas
la sécurité matérielle
et le confort qui pourraient être offerts à ces
enfants.
Vous avez parfaitement le droit, comme tout
le monde, d'avoir une opinion mais nullement celui de l’imposer.
Par ailleurs, j’aimerais savoir sur quoi se fonde cette
opinion. Je ne vous ferai pas l’injure de croire que
vous suivez aveuglément les conseils de Radio Vatican
mais je n’oserais
imaginer non plus que vous vous basiez sur l’idée
indécente et gratuite qu’il y aurait plus de
risques d’abus dans une famille homoparentale que dans
une autre famille. Des études sérieuses ont été menées à ce
sujet et ont démontré l’absurdité de
ce genre d’allégations.
Vous parlez du « bien
de l’enfant » mais
il faudrait veiller à ne pas en faire un mésusage
en l’utilisant comme bouclier pour faire normaliser
et entériner des préjugés homophobes.
Car si je regarde plus loin, je comprends que, selon vous,
les
homosexuels devraient être privés du bonheur
immense d'aimer un enfant et de le rendre heureux. Les croiriez-vous
incapables d'amour ? Et l’amour n’est-il pas
essentiel ?
J’ose espérer que vous prendrez le temps de
vous pencher un peu plus gravement sur cette question.
Nadine
de Vos, Bruxelles le 9 juin 2005 |