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 Les chroniques



    Yves Despierre

 

 

 

   

 


Papolâtrie quand tu nous tiens

 

 

Puisque l'on a fait le parallèle avec la passion du Christ et celle du pape, allons-y.

- Le premier a passé sa dernière nuit dans les taillis d'un jardin public, comme un mendiant qu'il fut toute sa vie,
le second a vécu en monarque dans un palace sans prix.

- Le premier a été condamné par le pouvoir politique,
le second reçoit les éloges de tous les pouvoirs politiques.

- Le premier n'a eu droit qu'à un peu de vinasse pour calmer sa douleur,
le second avait à son chevet les plus grands médecins.

- Le premier est mort abandonné de tous,
le second est salué par des millions de personnes.

- Le premier a été dessaisi du seul bien qu'il possédait, c'est-à-dire la tunique qui le couvrait,
le second lègue à son successeur un empire de bien matériel.

- Le premier à refusé d'être roi en ce monde,
le second était le chef d'un état qui frappe monnaie et qui tient ambassade dans tous les pays.

Personnellement j'observe les événements autour du décès du pape, avec un brin d'étonnement mêlé d'effroi, ça me fait penser à la mort de Staline, pas besoin d'être communiste au fond pour faire du culte de la personnalité.

Je comprends que l'on puisse avoir de la peine de voir disparaître un être aimé mais enfin, une telle dévotion pour un homme qui a vécu avec tous les égards et les soins, qu'un homme puisse rêver, il y a indécence. Combien de nos papis et mamies souffrent dans des mouroirs sans personne, ou si peu, pour leur apporter un peu d'attention.

Combien de catholiques étaient dans les rues quand on a découpé à la machette des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, à tour de bras au Rwanda ? Le Vatican est resté bien silencieux sur ce sujet, c'est d'autant plus coupable que tout un pan du clergé catholique rwandais était concerné et j'en passe.

Je suis las, il y a de quoi voir rouge au sens bolchevik du terme.

Yves Despierre, Lille le 15 avril 2005