À propos des élections
américaines
Avez-vous déjà rencontré quelqu'un condamné en
janvier ... 2007 ?
Apparemment, le gouverneur de Floride (Jeb
Bush, frère
de l'autre) en a rencontré 325 quelques mois avant
les élections de novembre 2000. Il a donc décrété que
tous ces futurs condamnés devaient être éliminés
des listes d'électeurs. Et quand des fonctionnaires
un peu trop zélés (ou honnêtes) ont fait
remarquer que cela violait le principe de causalité,
l'erreur a-t-elle été corrigée ? Oui-da,
un mémo a été adresse aux "supervisors" des
divers comtés leur enjoignant de laisser les dates
de condamnation non-spécifiées. Pas plus compliqué que ça.
Et les 57.700 autres noms rayés alors ? Aussi des
futurs taulards ? Nenni.
Ce sont essentiellement des gens condamnés dans d'autres États
(Ohio, Illinois, New York, ...) qui ont vu leurs droits civiques
restaurés automatiquement après avoir purge
leurs peines. Puis ils ont eu l'idée idiote de déménager
en Floride pour profiter du soleil. Hélas, c'est l'un
des 13 États de l'Union qui prive à perpette
un condamné de ses droits civiques. "Quelle aubaine",
s'est dit Jeb, en voilà 57.000 autres qui ne voteront
pas pour Gore". En effet, une petite statistique démographique
montre que 80% de ces 57.700 "disparus" étaient
afro-américains, généralement de tendance
démocrate.
Le hic, c'est que cette purge est illégale: en effet,
la Constitution impose aux États de reconnaître
une décision légale prise dans un autre État.
Donc, puisque l'État de New York (par exemple) restaure
les droits civiques d'un condamné qui a fait son temps,
la Floride (et les 12 autres, principalement des États
confédérés – c'est-à-dire
des sudistes) n'a pas le droit de les empêcher de voter.
Et encore, même en Floride, pour être privé de droit civique,
il faut être condamné pour "felony"; si c'est une simple "misdemeanor",
on ne perd pas son droit de vote (1).
Qu'à cela tienne, on a dégrossi les listes d'électeurs cinq
mois avant les élections. Malgré une décision de justice
de ... 1999, rappelant aux autorités qu'elles n'ont pas le droit d'écarter
les électeurs ayant recouvre leurs droits dans les états ou ils
furent condamnés
Et les entêtés qui contesteraient la déchéance de
leurs droits ?
Les "supervisors" avaient reçu l'instruction de leur remettre
un formulaire (22 pages !) de demande de pardon. À remettre à qui
? Au Gouverneur, pardi, qui n'est autre que ... pas la peine de le citer. Démarche
illégale, bien sûr,· puisque ces gens n'avaient rien à se
faire pardonner. La solution est simple, alors : il suffit de remplir ce formulaire
et de le remettre à qui de droit (!). Minute, papillon ! Encore faut-il
que l'entêté prouve lui-même qu'il est bien en possession
de ses droits, et rien ne semble moins facile que de demander la preuve qu'on
possède quelque chose dont on n'a pas été déchu.
Pour ceux qui ont suivi cette voie, cela a duré de quelques mois à deux
ans pour être "réhabilité".
Entre-temps, le cow-boy avait investi la Maison-Blanche.
Hourrah pour la plus grande démocratie sur terre !
Si cela se passait dans n'importe quel autre
pays, les Yankees seraient les premiers à crier à la
fraude électorale. Mais puisque la Cour Suprême a dit qu'il n'y
avait pas de quoi fouetter un chat, pourquoi s'en faire ? Le fait que cette cour
soit composée principalement de juges réactionnaires n'a évidemment
aucun impact sur la décision… |