Les chroniques    18|04|2004

Préférer la vie à la mort  Imprimer


La justice est bafouée sans vergogne en maints lieux de la planète. À et égard, notre 21e siècle ne se démarque pas des précédents. Platon déjà se consolait en l'isolant dans un autre monde dont nous aurions de vagues réminiscences. D'où cette insoutenable sensation de manque.

Tout au moins, la rêver ailleurs n'arrange pas le présent des palestiniens. Cela fait maintenant 56 ans que leur sort est franchement sinistre, mais ces dernières années, il s'est tellement détérioré qu'on ne peut, ni ne veut, imaginer pire.

Des rapaces décident. De quel droit ?
Impunément, Bush et Sharon violent les droits les plus élémentaires reconnus à la dignité humaine :
- le droit d'exister, tout simplement ;
- le droit de vivre en paix sur sa terre, celle de ses ancêtres ;
- le droit de vivre avec sa famille, ses amis, dans son village, dans sa maison ;
- le droit de cultiver ses champs, ses oliviers ;
- le droit de puiser son eau ;
- le droit d'avoir ses écoles, ses universités, ses hôpitaux, ses centres culturels ;
- le droit de circuler librement sur ses routes ;
- le droit d'exercer son métier.

Quand donc cesseront assassinats, enfermements arbitraires, tortures, viols, pillages, saccage des villages, des cultures, captation de l'eau, oppression. Quand donc cessera ce terrorisme étatisé ?

N'est-ce pas Elie Wiesel qui souhaitait que plus jamais un enfant, dans son désespoir, préfère la mort à la vie ? À l'âge où la pulsion de vie est si forte, 65% des jeunes palestiniens rêvent de "s'éclater". Quand donc pourront-ils rêver de vivre "libres et égaux en dignité et en droit" ? Quelle chance leur donne-t-on d'être "doués de raison et de conscience" et de "devoir agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité" ?

Béatrice Spranghers, 18 avril 2004