Les chroniques | 16|10|2003 |
À quelque chose, parfois, malheur est bon | Imprimer |
Très libre adaptation d'une
histoire oubliée Il était une fois, dans une campagne reculée,
bien loin d'ici, un paysan vieux et sage. Vieux, sûrement. Ses tempes
et sa barbe grisonnent depuis longtemps. Sage, sans doute. Les habitants
du village s'étonnent parfois de son regard, comme tourné
vers l'intérieur dans une sereine méditation. Antoine est pauvre, ça pour sûr. Le produit
de son lopin de terre ne remplit pas toujours la marmite que sa femme
voudrait débordante et fumeuse. Antoine n'est pas exigeant. Cependant,
parfois, des songes lui court-circuitent l'entendement. Pas vraiment des
fantasmes d'opulence, non, juste un désir de beauté, d'harmonie,
de plénitude. Un rêve surtout revient de façon récurrente
: un cheval blanc, oui, un merveilleux pur sang rôde et piaffe aux
alentours de sa masure. Hanté par l'insistante répétition
de l'augure, Antoine se frotte les yeux chaque matin pour dissiper cette
édénique vision décidément trop improbable. Jusqu'à ce matin où, se frottant les yeux comme à l'accoutumée, il découvre là, dans l'enclos, le cheval blanc d'une irréelle beauté. Antoine a cette rare qualité d'accueillir avec une égale bonté le meilleur comme le pire. Mais voilà les villageois tout en émoi : La quinzaine passe. Les villageois : La quinzaine passe. Les villageois ébahis : La quinzaine passe. Les villageois apitoyés : La quinzaine passe, sans éclat. Les villageois consternés
: Béatrice Spranghers,
Lillois le 16 octobre 2003 |