Les chroniques | 13|02|2003 |
La saison des noix | Imprimer |
Dans la chambre, la lumière
filtrait discrètement. À terre, une manne de linge sommairement
plié, un peu froissé, en attente manifeste de la planche
à repasser. Je regardais fixement cette manne burlesque, dérisoire,
futile. Sur le lit, le corps de Marie-Paule reposait inerte, ses beaux
traits lissés, paupières closes. Le cœur avait inopinément
"calé" après 42 ans de bons et fidèles
battements. Ce samedi-là, Marie-Paule avait sans doute programmé
les indéfectibles priorités de sa journée : aspirateur,
courses, conduire charlotte à la danse, et si possible le repassage.
Mais la manne à linge attendrait. En intendance, l'urgence est
toute relative. Je remuais ce souvenir ce samedi matin en pliant le linge.
Et puis, au jardin, les noix tombent, précocement, cette année.
Marie-Paule est morte à la
saison des noix. Béatrice Spranghers, Lillois, le 6 septembre 2003 |