Les chroniques    23|03|2003

Les prisonniers irakiens
seront-ils transférés à Guantanamo ?
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"Comme vous voulez que les gens agissent envers vous, agissez de même envers eux" (Jésus, Luc 6; 31)

"Nul de vous n'est un croyant s'il ne désire pour son frère ce qu'il désire pour lui-même" (Muhammad, 13e des 40 Hadiths de Nawawi).

« Les images de la télévision irakienne montrant des prisonniers de guerre américains constitue une violation de la Convention de Genève » a estimé le Président des États-unis. C'est aussi l'avis de Nada Doumani, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge qui s'était abstenu de tout commentaire la veille quand CNN montrait des prisonniers de guerre à genoux devant les "marines".

Dans un discours pré-enregistré qui devait être diffusé à 21H50 GMT aux troupes britanniques déployées dans le Golfe, le Premier ministre britannique a estimé que «le traitement infligé aux prisonniers américains par le régime irakien justifiait l'intervention militaire contre l'Irak».

Comment les Américains et leurs alliés pourraient-ils bénéficier des protections des Conventions de Genève si eux-mêmes ne les respectent pas ?

Guantanamo, plus de 600 prisonniers détenus depuis plus d'un an hors de tout cadre juridique. Rappelons-nous ces hommes (et un enfant de 15 ans) entravés, cagoulés et jetés dans des cellules grillagées. Les télévisions américaines nous les avaient montré titubants, soutenus ou portés par des militaires obéissant aux ordres "aboyés" de sous-officiers.

Le Secrétaire américain à la Défense, M. Donald Rumsfeld, justifie ces détentions illégales (1) car « ils ne sont pas des prisonniers de guerre, mais des "combattants" terroristes ». Or cette nouvelle guerre à l'Irak se justifierait par les liens entre ce pays et Al-Qaïda. La question que je me pose alors est celle-ci : les prisonniers irakiens seront-ils, eux aussi, transférés sur la base militaire de Guantanamo à Cuba ?

Pierre Bailleux, dimanche 23 mars 2003

(1) Les organisations de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch ou Amnesty International, demandent toujours que tous ces hommes soient placés sous la protection des Conventions de Genève et aient enfin le statut de prisonniers de guerre.