Les chroniques    16|02|2003

Le printemps de l'esprit  Imprimer


"Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui" Proverbe chinois

En hiver, le yin stagne dans le yin. Au printemps, voici le surgissement de yang dans le yin. Le yang dans le yang culmine en été, pour décroître en automne avec le yin dans le yang. C'est un mouvement perpétuel : ascension-descente. Tout naît, vit, meurt, ainsi que l'exprime le symbolisme de la roue ou du swastika.

On comprend le succès des religions naturistes et des cultes à mystère qui illustrent le temps cyclique, la continuelle alternance vie-mort, cette énigme de la vie qui supplante la mort.

Même pour nous qui vivons souvent entourés de béton, dans des lieux climatisés, la surprenante vigueur de la nature ne cesse de nous stupéfier. Comment ne pas vibrer de bonheur quand chaque fois, au printemps, resurgit cette étonnante vitalité de la nature.

Le règne végétal, le règne animal, suivent le rythme des saisons. Ils sont "programmés" pour s'y conformer. L'homme, lui, est doté d'une prodigieuse conscience qui lui permet de décider de ses activités quelle que soit la saison. Il peut se garder l'esprit en vigilance et renouveler ses printemps pour créer, entreprendre, … quitte à n'en pas toujours récolter les fruits mûrs.

La nature est déterminée : un framboisier ne porte pas de prunes, un chat court les souris. L'homme, lui, dispose de tous les futurs possibles. Il peut décider d'ouvrir les mains au lieu de dresser le poing.

Il planait un merveilleux souffle du printemps de l'esprit, samedi dernier dans les rues de Bruxelles, où, comme dans tant de capitales du monde, des gens ont affirmé fermement leur détermination de paix, leur refus de la guerre, leur désir d'un monde où les enjeux économiques ne prévalent pas sur le droit international et surtout sur le respect de la vie humaine.

L'espèce humaine est toute récente sur cette terre. Elle entame à peine son printemps. Il faut du temps pour que l'homme apprenne à s'humaniser. Les semences de Liberté, Égalité, Fraternité que nous lançons à la volée germeront un jour. Aussi sûr que la plus petite de toutes les semences, une fois enfouie en terre, deviendra, au terme de sa puissante gestation, un arbre gigantesque plein d'oiseaux de paix [Matthieu 13;31-32].

C'est notre espérance.

Evodie Beuzart 16|02|2003