Les chroniques | 19|07|2001 |
Ne me zappe pas ! | Imprimer |
Nous connaissons tous ce désir inassouvi, ce rêve
lancinant, de zapper notre belle-mère, ou notre collègue
de travail ou le pasteur du dimanche matin… Dans nos rapports humains,
n'avons-nous pas fait nôtre cette bonne parole "zappez-vous
les uns les autres" ? Mais c'est une autre paire de manches. Certains affirment que le zapping serait fondé sur
une relation perverse avec la télévision. D'autres pensent
qu'il déculpabilise le téléspectateur. Peut-être
bien. Je crois qu'il y a deux motivations majeures à manier la
télécommande, sans parler de cette nécessité
vitale de sauter les publicités de plus en plus envahissantes. La première est sans doute l'impression de maîtriser
la situation: je décide ce que je regarde. Vanité: allant
d'un contenu à l'autre, on constate que les programmes se ressemblent
tous. La seconde est cette envie d'anticiper,
de courir après ce qui tarde à survenir. Zapper exprime
alors cette insatisfaction, cette frustration du moment. A la moindre
impatience, on zappe. Comme dans la vie de tous les jours: on veut tout,
tout de suite, et ce qu'il y a de meilleur. Vanité: il y a un temps
pour tout, un moment pour toute chose sous les cieux. Avant que vous ne me zappiez, (Hé! attendez!) je
dois aussi signaler ce super-zapping du religieux qui rend dingue tout
le monde: les églises, comme les chaînes télévisées,
qui sont prêtes à tout pour retenir leurs adeptes et les
ex-adeptes qui se jettent les yeux fermés dans les bras tendus
par ces nouveaux clercs. Attention alors l'auto-zapping. Maintenant, vous pouvez zapper ! Pierre Bailleux. 19|07|2001 |