Les chroniques | 06|12|2000 |
La sciatique | Imprimer |
La sciatique ! elle est revenue. Elle est là.
Il n'y aura pour Jean aucune balade sous les pins avec le chien, aucun
plongeon dans la grande bleue. Aucune flânerie, le soir, sur le
petit port. Allez-vous croire que Jean est malheureux? Mais pas du
tout. Voulez-vous savoir le fond de ma pensée? Je pense qu'il se
trouve fort bien ainsi, avec la provision de romans policiers que je lui
ai acheter, et les bières que je lui apporte quand il siffle. Il
a retrouvé, à la radio, ses émissions favorites-qu'il-ne-peut-plus-écouter-car-on-a-la-télé,
et tolère ma présence à l'heure des repas. Ce ne
sont bien sûr que des soupçons, et il s'pourrait qu'il m'étrangle
s'illit ça. (Quelqu'un se baigne de bonne heure: ne dis pas que
c'est mal, dis que c'est de bonne heure car, avant d'avoir reconnu comment
il juge, d'où peux-tu savoir que c'est mal ?) Allez-vous croire que je sois malheureuse? Mais pas du
tout. D'abord, comme disait Marc-Aurèle, "vivre toujours parfaitement
heureux, notre âme en trouve elle-même le pouvoir, pourvu
qu'elle demeure indifférente à l'égard des choses
indifférentes". Ensuite, parce qu'ici, le soleil est ardent,
qu'il y a des multitudes de grillons, des fleurs et des fruits, que mon
chien est heureux car il y a de l'espace, et que je fais, comme on dit,
la crêpe. Tout de même, à propos de crêpe, je
trouve qu'en ce moment, j'ai pas tellement prise sur l'événement!
Pour en revenir à Marc-Aurèle qui disait: "Bref, s'il
y a un dieu, tout est pour le mieux. Mais si tout marche au hasard, ne
te laisse pas toi-même aller au hasard", je voudrais bien voir
ce qu'il ferait à ma place celui-là. Je pourrais par exemple cesser de jouer auprès
de Jean la garde-malade modèle. Je m'éclipserais dans la
nature. A St-Tropez, par exemple. C'est pas loin, et je rêve de
voir ça. Y resterait tout seul, avec un casse croûte qui
serait tout sec à midi, et des bières tièdes qu'il
devrait se débrouiller pour ouvrir lui-même. Qu'est-ce que c'est? Vous dites que c'est mal? Mais: quelqu'un se baigne de bonne heure, ne dis pas… Malicia de Beaufort (La Besace n° 3) |