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 Bible et libertés


  Jacques Chopineau

 

1. Introduction
2. La tétraktys
3. Les nombres de la fin
4. Les jours de la création
5. Le septième jour

 

   


Des nombres dans le livre de Daniel

 

 


5. Le septième jour

Il est impossible d’entrer ici dans tous les détails d’un symbolisme numérique savant. De ce point de vue, le milieu daniélique  est un monde d’une grande complexité. Signalons, du moins, la relation symbolique - inscrite dans le texte biblique - entre 5 (le monde) et 7 (la durée du monde) et, d’autre part, entre deux nombres symboliquement analogues : 3,5 et 35.

Commençons par le 5 : 
Le monde a été créé par 5, ou comme il écrit en hébreu (cf Genèse 2,4) par la lettre ה (hé). Cela est noté, dans le texte hébreu, par une graphie spéciale (petit hé) du mot [1] :

בהבראם   behibbar'am

(littéralement : « dans-leur-être-créé », c'est-à-dire : « lorsqu’ils furent créés »)

Ce mot a fait couler beaucoup d’encre ! On peut, en effet, à cause la graphie du petit « hé » (graphie conservée par les manuscrits, mais non toujours par les éditions savantes) lire :
« par hé ils furent créés » ou encore (la lettre étant aussi un chiffre) « par 5 ils furent créés »

La graphie de la lettre est suggestive :

ה

Lettre ouverte par en bas (par où s’écoule toute la massa perditionis qui est l’humanité que nous connaissons) et ouverte par une petite lucarne, en haut à gauche : la petite fenêtre des élus. Cela n’est pas un paradoxe : combien faut-il de glands pour produire un seul chêne ? Et combien d’œufs pour un seul poisson ? Ou combien de spermatozoïdes pour féconder un seul œuf ? Et combien faut-il d’hommes pour que naisse un seul juste ? Cette fantastique déperdition est inscrite dans la création elle-même. Le monde a été créé ainsi…

Or, le nombre pentagonal de 5 est 35. Et le récit original du septième jour est composé de 35 mots, ce qui ne va pas sans redondances et correspond, de la part des rédacteurs, à une intention. Traduisons littéralement les versets  de Genèse 2,1-3 en mettant chaque mot du texte hébreu entre barres  :

1. Furent-achevés / les-cieux / et-la-terre / et-toute / leur-armée /
2. Et-finit / Elohim / au-jour / le-septième / son-œuvre / que / Il-fit /
3. Il-se-reposa / au-jour / le-septième / de-toute / son-œuvre / que / Il-fit /
4. Il-bénit / Elohim / (accusatif) / le-jour / le-septième / et-sanctifia / lui /
5. Car / en-lui / il-se-reposa / de-toute / son-œuvre / que /  Il-créa / Elohim / à-faire.

Au total 35 mots. Le chiffre revient plusieurs fois en d’autres passages. 35 (la moitié de 70, comme 3,5 est la moitié de 7). Nous sommes au commencement de la fin. Les 35 sont terminés. Désormais, le début de la fin sera marqué du chiffre 36. C’est ainsi que le comprendront les auteurs du Nouveau Testament (36 = C6 = T8). Voir, à ce sujet la note sur les nombres 6, 8, 36, 666.  Un familier des nombres pentagonaux aura noté :

5 fois 7 sont 35 et 5 a pour nombre pentagonal 35
7 fois 7 sont 49 et 7 a pour nombre pentagonal 70

On doit rapprocher de 35, le nombre de 3,5 qui selon Daniel (7,25 ; 12,7) sépare du temps de la délivrance (cp Apocalypse 11,2-3 ; 12,6 ; 13,5). 3,5 (moitié de 7) est analogue à 35 (moitié de 7O).

Les sages, les gens intelligents, ceux qui comprennent

les משכ'ל'ם
[2]

- cf Daniel 12,3 , mais le terme est bien connu à Qumran (cf 1QS 3,12)- sont de ceux qui également connaissent l’usage de ce symbolisme numérique, dont Daniel est témoin ancien et une source. Plus tard, cette connaissance sera conservée par des groupes souvent hérérodoxes (juifs ou chrétiens d’origine juive). Mais c’est là  une autre histoire…

[1] Cette graphie n'apparaît pas ici à l'écran (le petit "hé" ה ), nous nous excusons auprès des hébraïsants avertis (le webmaster).
[2]  Dans les articles cités, on trouvera משכ'ל'ם
 écrit : מסכ'ל'ם . . Cela ne change rien à la prononciation actuelle, mais peut légitimement choquer un hébraïsant. Ayant toujours été soucieux d’orthographe, je plaide non-coupable !