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 Bible et libertés


  Jacques Chopineau

 

1. Introduction
2. La tétraktys
3. Les nombres de la fin
4. Les jours de la création
5. Le septième jour

 

   


Des nombres dans le livre de Daniel

 

 


4. Les jours de la création

Il faut ici en appeler aux lecteurs de l’original hébreu du récit de la création selon le début du livre de la Genèse. Texte, certes, difficile par sa construction très subtile et très méthodique. Tout littéralisme serait ici naïf et - pour ainsi dire - superficiel. Mais il est vrai que ce qui suit nous entraîne dans un chemin parfois difficile. En tout cas, éloigné de nos habitudes mentales.  

On sait que les apocalypticiens, réfléchissant sur l’histoire du monde et les temps de la fin, vont relire le récit biblique de la grande semaine de l’histoire du monde. Le modèle est donné par le texte de Genèse 1. Six « jours » qui sont des septénaires et un « septième jour » qui est le dernier de la « semaine ».

Sans entrer dans beaucoup de détails, relevons que le récit hébraïque compte, pour les 6 « premiers jours », 434 mots, c'est-à-dire : 62 x 7. 
Daniel connaît cette particularité :

Sache donc et comprends ceci : depuis qu’a été proféré l’oracle sur la restauration de Jérusalem jusqu’à un chef oint, il y aura 7 semaines. Puis pendant 62 semaines, elle sera rebâtie avec places et enceinte, dans la détresse des temps. …   Il (l’oint) conclura avec un grand nombre une solide alliance pour une semaine…(Daniel  9, 26 et 27)

Sans nous arrêter sur tous les détails de ce texte énigmatique, relevons ce qui correspond aux 70 septénaires (ou « semaines d’années ») de Jérémie :

7 + 62 + 1 = 70

Le 7 se rapporte aux sept premiers mots de Genèse 1,1 (comptés deux fois, comme l’indique le grand ב qui ouvre le premier verset (la valeur numérique du ב est 2). Il faut compter deux fois les 7 mots du premier verset : une fois pour eux-même et une fois dans le comput de l’ensemble du récit des six jours).  A noter que la massora marginalis des manuscrits bibliques précisent que le ב  doit être écrit « grand ». Ce que les scribes ont toujours fait, par tradition.

Les 62 se rapportent au récit, en 434 mots, des six jours (l’ensemble de la création). Ce sont les 62 septénaires de Daniel.

Le 1 final désigne le « septième jour » et la fin de la grande « semaine » de l’histoire du monde :
Le plan de l’histoire du monde nous renseigne sur la fin des temps. Manifestement, les scribes qui ont mis en forme ce récit ont une intention. Et le milieu daniélique - longtemps après - connaît cette intention, ce qui suppose une transmission [1].

[1]  J’avais proposé (Analecta Bruxellensia, n°1 (1996) p 101 ) le sigle Pe (e = ésotérique) pour désigner ce milieu. Il faut absolument supposer des cercles restreints où ces connaissances sont transmises. Pendant des siècles, des sages ont transmis cette connaissance…