4. Les jours de la création
Il faut ici en appeler aux lecteurs de l’original
hébreu du récit de la création selon
le début du livre de la Genèse. Texte, certes,
difficile par sa construction très subtile et très
méthodique. Tout littéralisme serait ici naïf
et - pour ainsi dire - superficiel. Mais il est vrai que ce
qui suit nous entraîne dans un chemin parfois difficile.
En tout cas, éloigné de nos habitudes mentales.
On sait que les apocalypticiens, réfléchissant
sur l’histoire du monde et les temps de la fin, vont
relire le récit biblique de la grande semaine de l’histoire
du monde. Le modèle est donné par le texte de
Genèse 1. Six « jours » qui sont
des septénaires et un « septième
jour » qui est le dernier de la « semaine ».
Sans entrer dans beaucoup de détails,
relevons que le récit hébraïque compte,
pour les 6 « premiers jours », 434 mots,
c'est-à-dire : 62 x 7.
Daniel connaît cette particularité :
Sache donc et comprends ceci : depuis
qu’a été proféré l’oracle
sur la restauration de Jérusalem jusqu’à
un chef oint, il y aura 7 semaines. Puis pendant 62 semaines,
elle sera rebâtie avec places et enceinte, dans la détresse
des temps. …
Il (l’oint) conclura avec un grand nombre une
solide alliance pour une semaine…(Daniel 9, 26 et 27)
Sans nous arrêter sur tous les détails
de ce texte énigmatique, relevons ce qui correspond
aux 70 septénaires (ou « semaines d’années »)
de Jérémie :
7 + 62
+ 1 = 70
Le 7 se rapporte aux sept premiers mots de Genèse
1,1 (comptés deux fois, comme l’indique le grand
ב qui ouvre le premier verset (la valeur
numérique du ב est
2). Il faut compter deux fois les 7 mots du premier verset :
une fois pour eux-même et une fois
dans le comput de l’ensemble du récit des six
jours). A noter
que la massora marginalis des
manuscrits bibliques précisent que le ב doit
être écrit « grand ». Ce
que les scribes ont toujours fait, par tradition.
Les 62 se rapportent au récit, en 434
mots, des six jours (l’ensemble de la création).
Ce sont les 62 septénaires de Daniel.
Le 1 final désigne le « septième
jour » et la fin de la grande « semaine »
de l’histoire du monde :
Le plan de l’histoire du monde nous renseigne sur la
fin des temps. Manifestement, les scribes qui ont mis en forme
ce récit ont une intention.
Et le milieu daniélique - longtemps après
- connaît cette intention, ce qui suppose une transmission
[1].
[1]
J’avais proposé (Analecta Bruxellensia,
n°1 (1996) p 101 ) le sigle Pe (e = ésotérique)
pour désigner ce milieu. Il faut absolument supposer
des cercles restreints où ces connaissances sont transmises.
Pendant des siècles, des sages ont transmis cette connaissance…
|