Dans le symbolisme numérique
qui est mis en œuvre dans la Bible, ces nombres 6, 8,
36, 666 sont liés entre eux. Certes, il s’agit
d’un lien symbolique, et non toujours d’un lien
arithmétique.
•
Prenons d’abord le cas du nombre 6 « racine symbolique ».
Le nombre 6 (et ses dérivés) réfère
aux 6 jours de la création et à « tout
ce qu’elle contient ». C’est à
cela que font allusion les proportions bibliques du Temple
de Salomon. Tous les temples édifiés par la
suite seront toujours, symboliquement, des résumés
de la création.
Notons que la maison de Salomon (cf. I Rois
6,2) ou l’arche de Noé (cf. Genèse
6) ne sont pas des temples. Les proportions indiquées
dans ces deux cas sont celles de la « proportion
dorée » (voir les pages consacrées
à ce sujet : Le
nombre d'or et Les
nombres dans la Bible), mais ne font pas référence
aux 6 jours de la création.
Mais le nombre 6 n’est pas toujours considéré
en lui-même. Lorsque les apocalyticiens méditeront
sur le monde et sur sa fin, ils réfléchirons
sur 6 et 7. C’est que 6 réfère à
la totalité du monde créé ; tandis
que 7 est celui du dernier jour de la grande « semaine »
de l’histoire du monde.
A première vue, les dérivés
sont le triangulaire (21), le rectangulaire (42) et le carré
(36). Mais le triangulaire de 6 est également le gnomon
de la série des nombres
figurés dont la racine symbolique est 7.
Il faut ici renvoyer à l’introduction
aux nombres dans la Bible. Rappelons que ce gnomon est toujours égal au triangulaire du nombre (entier !) précédent
(= Tn-1). En sorte que -dans la série des nombres dont
la racine symbolique est 7- le triangulaire de 6 sera le nombre-clé :
7
+ 21 = 28
(triangulaire de 7)
28 + 21 = 49
(carré de 7)
49 + 21 = 70
(pentagonal de 7)
Chacun de ces nombres connaît -dans la
Bible- des utilisations diverses. 28 en particulier :
nombre « parfait » égal à
la somme de ses diviseurs (1 + 2 + 4 + 7 + 14 = 28). Mais
les nombres figurés suivants (49 et 70) sont également
bien connus… .
•
36 : Un carré qui est aussi un triangulaire…
Rares sont les nombres qui -représentés
par des cailloux- forment deux figures : un triangle
et un carré. C’est le cas de 36
(le nombre suivant dans ce cas est 1225 !).
De ce point de vue, 36 est un nombre curieux.
A la fois carré (de 6) et triangulaire (de 8). Il réfère
symboliquement aux 6 jours de la création (et, donc,
à la totalité de ce qui existe sur la terre).
8 cependant, réfère au « huitième
jour » qui le premier jour de la nouvelle « semaine »
de l’histoire du monde. Cette symbolique ancienne est,
dans le Nouveau Testament, surtout propre aux écrits
johanniques et pétriniens.
Le nombre 8 est ainsi le symbole du monde nouveau,
annoncé par le déluge qui est la fin du monde
ancien, ainsi que le rappelle l’épître
de Pierre :
« Eux, ayant refusé
de croire, jadis, lorsque temporisait la patience de Dieu,
aux jours de Noé, lequel construisait l’arche
dans laquelle peu - c’est à dire 8 personnes
- furent sauvés à travers l’eau.»
I Pierre 3,20
«
Il n’a pas épargné l’ancien monde,
mais il a protégé le huitième (homme),
Noé, hérault de justice, …»
II Pierre 2,5
On peut comprendre (ce qu’on fait souvent) :
« huit personnes dont Noé ».
Mais le « huitième jour » qui
vient après une totalité temporelle de 7 est
une symbolique courante, héritée d’anciennes
pratiques Le « huitième » est
la marque du monde nouveau.
« Le huitième
jour, l’enfant sera circoncis »
Lévitique 12,3
« Le huitième
jour, ils eurent une assemblée solennelle »
II Chroniques 7,9
«…
le huitième jour du mois, ils entrèrent dans
le vestibule de l’Eternel et mirent huit jours à
consacrer la maison de l’Eternel »
II Chroniques 29,17
L’apparition du ressuscité à
l’apôtre Thomas aura lieu, de même, un huitième
jour : « Huit jours
après, ses disciples étaient de nouveau dans
la maison… » Evangile de Jean
2O,26
C’est là une utilisation qui peut
être dite réthorico-symbolique. Elle suppose,
en tous cas, une sensibilité à la valeur qualitative
du nombre.
• 666 : les crises
de la fin
Dans le langage de l’Apocalypse, les crises
de la fin vont être symbolisées par un nombre
qui a suscité les explications les plus étonnantes,
voire les plus délirantes : 666. C’est un
nombre triangulaire (T36 = 666).
Le nombre 36 (= C6 = T8) a une double signification.
En tant que carré de 6, il réfère à
la totalité de la création qui s’achève.
En tant que triangulaire de 8, il réfère au
« huitième jour » qui est le
premier de la nouvelle semaine. 666 -triangulaire de 36- est
ainsi le nombre qui symbolise à la fois le temps des
crises de la fin et le commencement difficile d’un monde
nouveau :
«
C’est ici qu’intervient la sagesse. Que celui
qui a de l’intelligence calcule le chiffre de la bête.
Car c’est un nombre d’humain : son nombre
est 666.» Apocalypse 13,18.
C’est, certes, un nombre d’humain
puisque ce n’est pas un nombre de Dieu. De là,
de savants efforts pour trouver de quel « homme »
il pouvait s’agir. Les solutions proposées ont
été nombreuses. Même s’il a fallu
pour cela changer 666 en 616 (variante de quelques manuscrits).
Au cours de l’histoire, on a y vu Luther
et même Hitler ! Les valeurs numériques
des lettres ont permis de faire des calculs jugés,
en leur temps, édifiants.
En général, on s’arrête
aujourd’hui à l’empereur Néron.
Evidemment, cela suppose une seule orthographe
hébraïque
(NRWN QSR : Néron César). Toute
autre transcription serait fausse. Mais naturellement, le
nom d’un personnage historique peut avoir été
visé par l’auteur du texte.
En fait, peu importe le nom de la « bête »
qui persécute les justes : chaque époque
a le sien. Ce qui est permanent est un nombre jugé
significatif - et de racine symbolique 6 et 8, par le biais
du nombre 36.
Ces équivalences
sont cependant loin d’être claires pour les modernes.
La valeur qualitative des nombres et leur utilisation symbolique
est souvent devenue étrangère à nos modes
de pensée.
Jacques Chopineau,
Genappe, 30 juillet 2003
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