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Bible et Liberté |
Lire la Bible - 18. Sous le figuier | Imprimer |
L’ancienne littérature juive traditionnelle
s’est souvent préoccupée de dire à quoi l’Écriture
était semblable. La «méthode» ici ne consiste
pas à définir (ceci est cela...) mais à enseigner par le biais de la
parabole (ceci est comme
cela). L’Écriture est ainsi tour à tour comparée
à l’eau qui descend toujours dans les endroits les plus bas
(là où le lecteur humble peut la recevoir) ou à au
feu qui se communique à tous ceux qui sont autour de lui. L’apparente
naïveté de ces paraboles n’est que le vêtement
simple d’une profonde intelligence. Nous avons vu la comparaison de la pluie qui est une, et
qui produit des fruits différents selon les arbres sur lesquels
elle tombe. Une autre comparaison utilise l’image du figuier : pourquoi
l’Écriture est-elle comparée à un figuier ?
C’est que tous les arbres fruitiers produisent leur fruit en leur
temps et seulement en leur temps. Le figuier, par contre, donne son fruit
mûr à celui qui le cueille d’aventure, au passant qui
se donne la peine de le chercher et de le cueillir au moment où
la figue est mûre. De même, l’Écriture donne
toujours du sens celui qui l’étudie. Aux uns tel jour, aux
autres tel autre jour. Et celui qui revient à elle, des mois ou
des années plus tard, trouvera encore le fruit cherché.
Et ce qui n’est pas trouvé en une heure sera trouvé
en un jour, et ce qui n’est pas trouvé en un jour sera trouvé
en un an. Et si, au long de la vie, toutes les années sont différentes,
les lectures le seront aussi. D’autre part, l’ombre du figuier aux larges
feuilles est propice au repos et à l’étude, pendant
la chaleur du jour. Dans la tradition ancienne, le figuier n’est
pas un lieu quelconque: c’est le lieu de l’étude des
textes sacrés. De là, cette parole de Jésus à
Nathanaël: «alors que tu étais sous le figuier, je
t’ai vu». (1) Mais la lecture de la Bible ne saurait avoir le même
sens si elle est faite de manière proprement individuelle ou bien
si elle est vécue dans la perspective d’une communauté
vivante. C’est ainsi d’ailleurs que les textes bibliques ont
été rédigés et transmis: dans la perspective
de la communauté d’Israël. Il n’est pas un seul
texte de la Bible hébraïque et juive qui ne soit écrit
dans la perspective d’une communauté certaine de son avenir
en tant que communauté. De même, il n’existe pas un
seul livre du Nouveau Testament qui ne suppose la Bible hébraïque
et juive. De sorte que lorsque Jésus dit: “vous sondez
les Écritures...» (2),
c’est à ces Écritures exclusivement qu’il se
réfère. Et c’est l’ouverture des mêmes Écritures qui suscite l’exclamation du disciple d’Emmaüs : «Notre coeur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et qu’il nous ouvrait les Écritures?» (3). Jacques Chopineau, Lire la Bible, Ed. de l'Alliance, Lillois, 1993, p.50-51 (1) Jean 1/48 |