Quel chemin pour l’homme
?
« Quel homme
comprend son chemin ? » Proverbes
20,24
L’homme ne connaît pas son chemin.
Pourtant, de la naissance à la
mort, il n’en aura pas d’autre. Toute voie religieuse, également,
connaît cette perspective. La vie est un chemin, même si le but
est inconnu, ou bien parfois visible un instant, comme un éclair dans
la nuit.
Il n’est pas d’image plus universelle
que celle du chemin. Entre une origine et une fin… une
fin qui est un but, ou bien une simple déperdition.
Ainsi est tout ce qui vit. Si le grain ne meurt… Il ne porte pas de
fruit. Tout ce qui naît évolue, se transforme et meurt, faisant
place à d’autres
naissances, d’autres évolutions, d’autres morts. Ainsi
la vie continue…
L’idée même de pèlerinage
se fonde sur l’existence
d’un chemin (difficile) et d’un but à atteindre. Il ne
s’agit
donc pas d’un voyage d’agrément, ni d’une promenade
touristique. Pas de but sans épreuve.
«
Tu es la tâche. Non étudiant, en aucune manière » Franz
Kafka (*)
Tu es toi-même la tâche à accomplir.
Non un devoir extérieur,
comme un devoir d’étudiant . En tout ce que tu fais,
n’oublie
pas que tu es toi-même l’œuvre à réaliser.
C’est
là ton chemin.
Le « chemin » signifie, en termes
bibliques, « manière
d’être », «
comportement » :
Améliorez
vos chemins et vos agissements. Jérémie 7,3.5 En sorte
que nombreux sont les chemins jugés impossibles par celui
que les proverbes bibliques appellent le paresseux :
«
Le paresseux dit : il y a un lion dans la rue : Si je sors, je serai tué »
Proverbes 22,13 (cp 26,13)
Mieux vaut, dès lors, ne pas
prendre ce risque ! Mais, sans risque : il n’y a pas de
chemin.
« Le vrai chemin passe sur un fil qui
n’est
pas tendu dans les hauteurs, mais juste au ras du sol. Il
semble destiné à faire trébucher, plutôt
qu’à être parcouru » . Franz
Kafka (*)
Chez ce grand écrivain, un tel réalisme
trouve, sans doute, sa source lointaine dans la sagesse biblique.
Le « vrai chemin » est
une épreuve quotidienne, non une grande idée. De là, cette
image d’un fil tendu au ras du sol et non dans les hauteurs !
Ceux
du chemin
Les premiers chrétiens sont ceux du
chemin –ce « chemin » persécuté (Actes
22,4) trouve, certes, ses opposants (Actes 19,9) et occasionne des troubles
(Actes 19,23). Mais il est aussi appelé « chemin de la vie » (Actes
2,28), «
chemin du salut » (Actes 16,17), « chemin de
la paix » (Luc 1,79), « chemin de la justice » (II Pierre
2,21)…
Nous retrouvons la même symbolique dans la Bible hébraïque
et dans la religion juive. Le thème du chemin revient souvent. Pour
faire bref, rappelons quelques textes (mais il en est bien d’autres).
«
Je raconte mes chemins et tu me réponds
apprends-moi tes décrets
fais-moi comprendre le chemin de tes directives
que je médite tes merveilles !
… .
Éloigne de moi le chemin du mensonge »
Psaume 119, 26.27.29.
Ce chemin doit être cherché et appris,
de différentes manières
selon les cas (loi religieuse, conseillers nombreux et sages…).
En effet :
«
Le chemin du fou est droit à ses yeux ». Proverbes
12,15
«
Tous les chemins de l’homme sont purs à ses yeux ».
Proverbes 16,2
«
À l’homme les arrangements du cœur mais du Seigneur,
les arrangements de la langue » . Proverbes
16,1
Autrement dit : A l’homme les pensées
du cœur,
mais la réponse
(de la langue) ne lui appartient pas.
De même, dans
l’Islam où cette expression coranique revient
souvent : « la voie de la lumière » pour
caractériser
la sortie de l’obscurité ordinaire. Ce thème
mériterait
de longs développements. Le pèlerinage (un
des piliers de l’Islam)
est aussi un rappel de cette direction fondamentale.
Toutes
les voies religieuses sont un chemin. Mais l’histoire
des religions est pleine de doctrines, de systèmes,
de dogmes… qui sont des
installations durables dans des édifices provisoires.
Il faut cependant se souvenir que –selon la parole
d’un sage (indien)- « une
route n’est pas une maison ».
Ce qui caractérise,
en premier, un chemin, c’est son but. Les
particularités du parcours relèvent de l’anecdote.
Ainsi, les éventuelles difficultés sont des épisodes,
parfois malheureux. Mais quel chemin n’a pas ses embûches
?
Jacques Chopineau. Genappe
le 02 septembre 2007
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