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 Bible et liberté



    Jacques Chopineau

 

- Humour... ironie

- Sagesse

 

 

   

 


Quelques proverbes bibliques

 

 

Humour . . . ironie

La Bible n’a évidemment pas pour fonction de divertir. L’humour comme tel n’a donc pas de fonction ici. Pour autant, l’ironie est une fonction de la pensée humaine. Plusieurs textes bibliques –dans la mesure même où ils s’adressent à tous les humains- font usage de cette ironie.

En particulier dans cette littérature sapientielle qui exprime une sagesse pratique : non pas « que dire ?» ou « comment penser ?» mais : « comment faire ?». Nombreux sont les textes bibliques qui illustrent cette ironie. On s’en tient ici au seul livre des Proverbes.

La question porte toujours sur le faire juste et sur la dénonciation ironique de la contradictoire. La sagesse est de l’ordre du « conseil ». Comment faire pour se comporter justement, c’est à dire en accord avec la réalité. Un comportement est décrié dans la mesure où il conduit à une absurdité.

Cela nous vaut des descriptions étonnantes :

« Le paresseux plonge sa main dans le plat
et ne la ramène pas à sa bouche »

Proverbes. 19,24

« Le paresseux dit : il y a un lion dans la rue
si je sors, je serai tué »

Proverbes. 23,12 (cp 26,15)

En fait, il n’y a pas de lion, mais le prétexte est bon pour ne pas sortir –voire rester couché :

« La porte tourne sur ses gongs
et le paresseux : sur son lit »

Proverbes. 26,14

Et pour ceux qui sortent et traitent des affaires, il faut apprendre à se défier des belles promesses qui ne sont pas suivies d’effet :

« Des éclairs, du vent : mais pas de pluie
tel est l’homme qui se vante d’un présent trompeur »

Proverbes.25,14

Citons encore cette saisie ironique du manège de l’acheteur :

« Mauvais, mauvais, dit l’acheteur
mais en partant : il se félicite »

Proverbes. 20,14

Nombreux sont les dits de cette sagesse pratique (non une sagesse spéculative) qui procède de la simple observation attentive. Faire rire peut être une forme d’enseignement. Le silence également.

« Même le sot qui se tait est compté parmi les sages
qui clôt ses lèvres est intelligent »

Proverbes.17,28

Et malheur à celui qui utilise à contre-temps un dit de sagesse :

« Ronce poussée à la main de l’ivrogne
tel est le proverbe dans la bouche des sots »

Proverbes. 26,9

Sagesse   

Les « conseils » (proverbes, dits de sagesse, comparaisons) affluent. Ces
« conseils » sont ce que produit le sage. Comme la vision est le propre du prophète ou la loi religieuse est le propre du prêtre (cf Jérémie 18,18). Dans les écrits de sagesse, la situation habituelle est celle du vieux sage qui s’adresse à une jeunesse inexpérimentée.

Ainsi ce développement contre l’amour de la « femme étrangère » (Proverbes. 7,6-23) ou encore contre l’ivrognerie (Proverbes. 23). Et toujours une vision réaliste des pratiques humaines sous le regard de Dieu :

« Riche et pauvre se rencontrent :
Dieu les a fait tous les deux »

Proverbes. 22,2

Pratiquement, le sage est appelé à se maîtriser :

« Ville percée, sans murailles
tel est l’homme qui ne maîtrise pas son souffle »

Proverbes. 25,28

Comme il est appelé à connaître son semblable :

« Le fer aiguise le fer
et l’homme aiguise la face de son prochain »

Proverbes. 27,17

Encore faut-il discerner entre les moments et les personnes. En témoignent ces proverbes dits « contradictoires », qui semblent énoncer des vérités opposées (cp Proverbes. 26,4 et 5 !). Au sage de savoir quand, comment, à qui, dire l’une ou l’autre de ces sentences.

Et finalement le sage est appelé à se connaître lui-même :

« C’est une lampe divine que l’âme de l’homme
sondant tous les replis des entrailles »

Proverbes. 20,27

Mais dans tous les cas, dit le sage, nos volontés sont bornées :

« De l’homme sont les projets du cœur
mais de l’Eternel la réponse de la langue »

Proverbes. 16,1

Ces « proverbes » sont –dans la Bible- placés sous l’autorité de Salomon, le sage par excellence. Comme les Psaumes sont placés sous le nom de David ou les lois sous le nom de Moïse. Ces attributions traditionnelles ne sont évidemment pas à prendre littéralement. Il reste que toute relecture place le lecteur actuel dans une longue lignée porteuse de sens.

Jacques Chopineau. Genappe le 28 avril 2007