«
Le Seigneur sonde le juste et le méchant » Psaume
11,5
«
Seigneur, tu m’as examiné à fond,
tu me connais » Psaume 139,1
Nombreux sont les versets (tant
dans la Bible que dans le Coran) qui mentionnent cette omniscience
de Dieu. C’est là, dans tous les cas, le point
de départ de toute perspective religieuse –même si, d’autre
part, il est bien des manières de concevoir ce « religieux ».
«
Ton Père, qui voit, là, dans le secret…. » Matthieu
6,18 Il n’existe pas de gouffre obscur où les actions
humaines pourraient être
cachées. Pas de pensée secrète ; pas de comportement
caché.
Bien sûr, ce sont là des paroles de croyant. Apparemment, elles
sont très inactuelles.
Qui me sonde ? pourrait demander un moderne
citoyen. N’est-ce pas l’état
qui sait qui je suis, où j’habite, combien je gagne ou –même-
ce que je pense. De plus en plus, de mieux en mieux, l’état
sait tout cela –non seulement par son omnisciente (voire omnipotente)
administration, mais aussi par le biais de ces véritables prothèses
que sont les téléphones portables ou les cartes de crédit.
Encore ces prothèses sont-elles « primitives » par rapport
aux envahissantes puces électroniques ou ces cartes RFID promises à un
bel avenir. Dans un état moderne, rien ne sera secret aux yeux du
pouvoir.
Autrement dit, en termes actuels : Qui donc te sonde et
te connaît,
citoyen ? La réponse est claire : seul l’état a les
moyens de te connaître. Ses lois sont LA loi. Certes pas vu, pas
pris , mais –c’est
la marche du temps- il sera de plus en plus difficile de n’être
pas vu. D’ailleurs, de plus en plus, des caméras te surveillent.
Grâce à elles,
les gendarmes pourront te retrouver. Surtout en ces temps de lutte contre
la mouvance démoniaque nommée « terrorisme ».
Dans cette sainte lutte, les anciennes libertés individuelles
ne pèseront
sans doute pas lourd.
Car « connaître », c’est également
conduire. Tels sont les troupeaux : on ne peut les conduire sans les
connaître. Tous
les bergers vous le diront. Quel est ton troupeau, citoyen ?
Le secret
Ainsi, à la racine de toute approche religieuse,
il y a la conviction que rien de ce que pense ou fait l’homme
n’est inconnu de Dieu. Ce
thème est abondamment illustré dans une approche religieuse
de la réalité. On peut se borner ici à ces courants
religieux dont les sources scripturaires sont la Bible (juive ou chrétienne)
ou le Coran.(et le Hadîth).
Dans notre monde occidental, la perspective
biblique est peut-être mieux
( ?) connue que celle de l’Islam. C’est donc sur cette
dernière
qu’il convient ici d’insister un peu (très peu d’ailleurs –au
regard de l’immense littérature sur le sujet). Mais la
méconnaissance
de l’Islam est telle, dans nos médias, qu’un simple
rappel peut être utile.
«
Nous avons créé l’homme
Nous savons ce que son âme lui suggère
Nous sommes plus proche de lui que sa veine jugulaire »
Sourate Qaf (50,16)
De même, ces messagers de l’au-delà que
sont les anges (les « veilleurs »)
sont souvent mentionnés :
« Voici, des veilleurs sont au dessus de vous
des êtres nobles écrivants
ils savent ce que vous faîtes… »
Sourate de la rupture (82,10-12)
Le degré suprême (la « tendance
au mieux » : ‘al-iHsân)
est indiqué dans le célèbre « Hadîth » qui
rapporte comment le Prophète répondit à une
question de l’ange Gibril : «
Qu’est-ce-que le iHsân ? C’est que tu serves
Dieu comme si tu le voyais. Et si tu ne le vois pas, Lui : Il
te voit ».
Voilà ce qui doit être
rappelé à ceux
qui (jeunes ou moins jeunes) se réclament d’une
tradition religieuse (juive, chrétienne ou musulmane).
C’est ainsi, croyant : tu peux, parfois,
tromper le gendarme, mais tu ne peux pas tromper ton Dieu. Dans
cette perspective, le pas vu-pas pris serait une impiété. En sorte qu’une telle religion pratique révèle
la mesure de toute piété véritable. Là où elle
fait défaut, la loi de la jungle seule est régnante.
Et la multiplication des gardiens de la loi –tâche
sans fin- est une garantie provisoire et toujours faillible.
De fait, la loi véritable est celle qui est écrite
dans les cœurs…. C’est cela que l’affirmation
d’une « veille » divine
rappelle aux croyants, pour le profit de tous les membres de
la société –croyants
ou non.
Jacques Chopineau, Genappe le 3 juin 2006
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