CORRESPONDANCE UNITARIENNE | avril 2005 |
Le partage de la parole | |
Au fond, à la lecture des évangiles, André Comte-Sponville (A-t-on
besoin d’une religion, Paris : les
Editions ouvrières, pp. 61-62). Le
partage de la parole Nos bulletins, par l’article en première page et la rubrique des « libres propos », donnent la parole aux uns et aux autres. Nos informations se font volontiers l’écho des activités de divers mouvements. C’est dire que nous ne voulons pas monopoliser la parole par des éditoriaux ou encore des homélies. Nous voulons éviter le nombrilisme en ouvrant nos pages à des amis qui ne sont pas tous unitariens. A l’exemple de nos congrégations, nous ne demandons pas de credo. Nous pensons ainsi refléter une certaine diversité spirituelle qui s’est instaurée dans nos sociétés avec les progrès de l’individuation. Le temps est révolu où la société civile était placée dans un seul pays, animée d’une seule foi et sous l’autorité d’un seul roi. Mais aussi celui des paroisses réunissant des fidèles partageant les mêmes croyances. Assurément nos assemblées cultuelles sont maintenant bien loin de l’unanimité requise par les credo ou autres déclarations de principe. Bien sûr, on peut jouer au dénominateur commun, ou encore adopter la langue de bois du minimum consensuel. Mais ne serait-il pas préférable, au contraire, de choisir la voie de l’expression personnelle, de la parole forte, du geste symbolique, de l’émotion, de la sainte colère … ? Bref, une parole qui a vraiment quelque chose à dire aux autres… La parole partagée est dite par quelqu’un et écoutée par tous les autres participants. Elle n’appelle pas de réponse, encore moins de contestation. Il ne s’agit nullement d’ouvrir un débat, ni même d’entamer un dialogue. Elle est suivie d’un silence d’accueil ou de notes de musique discrètement égrenées. Ni amen ou autre approbation bruyante. L’écoute est bienveillante, méditative, voire empathique, mais la liberté de pensée est respectée. Chacun est compris dans son propre itinéraire spirituel et religieux, dans ses croyances qui lui tiennent à cœur, dans sa tradition, dans les formes culturelles de son langage et de sa gestuelle, mais il reste seul responsable de ses choix, de ses références, de ses interprétations, de son discours. Cette parole est égalitaire. Elle circule dans l’assemblée. Elle n’est pas monopolisée par un spécialiste du sacré, un clerc enseignant ou un président chef d’orchestre. Les conférences, homélies ou explications de textes peuvent se faire avant ou après, mais le partage de la parole n’est pas un exercice savant. Il s’agit véritablement d’une communion au sein d’une assemblée fraternelle. Les libres propos qui suivent ne constituent donc pas une simple liste d’opinions. Nous les choisissons pour leur densité humaine, parce qu’ils expriment un essentiel qui, très souvent, sort des tripes, d’une expérience vécue intensément, d’une subjectivité qui émerge comme un volcan. Je ne sais pas si Dieu nous parle avec un grand « P » comme le pensent les fidèles des monothéismes révélés, mais assurément Dieu, s’il existe, n’est pas loin de telles paroles humaines. Les curés partent, les femmes dansent ! (ndlr : titre
donné par la rédaction au texte suivant) "
Quand on n'aura plus le curé, on aura Marianne et cela me rassure" a
confié à ma mère une de ses amies au sortir d'une
messe où j'avais non seulement fait office de lectrice et d'animatrice,
mais encore de …prédicatrice ! En effet, s'il est une égalité pour
laquelle je me bats en ce début de 21ème siècle,
c'est bien pour celle qui accordera les mêmes droits aux femmes
et aux hommes de parler de Dieu, de commenter les Ecritures dans une
célébration catholique romaine. Doit-on continuer à appeler Jésus « Seigneur » ? «
Mieux vaut servir Jésus-Christ sans le nommer que le nommer sans
le servir », « Voici un mot qui est mis à toutes les sauces. Il est vrai que dans l’Ancien Testament, il désigne souvent Dieu et que, dans le Nouveau Testament Jésus est présenté comme le Christ du Seigneur, le Messie de Dieu. Mais le mot kurios peut aussi bien signifier « monsieur » (…). Ne serait-il pas préférable de ne plus attribuer le titre de Seigneur pour parler de Jésus-Christ ? Ne serait-il pas souhaitable d’établir un moratoire, de suspendre l’utilisation d’un mot qui n’a guère de signification pour nos contemporains ? » Mieux vaut Amos que Jonas! Lucien Gilles, 15 rue du Puits 34190 Cazilhac, C'était dans "Le Monde des livres" du 12 novembre 2004
au fil d'un entretien de Nicolas Weil avec Michael Walzer (philosophe
USA qui s'est opposé à la guerre contre l'Irak). Le dialogue
s'achevait par ceci : "Nous avons besoin d'un nouvel anticléricalisme
qui ne soit pas simplement antireligieux. Mieux vaut Amos que Jonas".
Quand bien même JONAS aurait fait moins de victimes à Ninive
que G.W. Bush en Irak... Du coup je suis retourné vers Amos ...
un gros coup de cœur. Le pain est sacré, qu'on se le dise … Joël Robuchon, catholique, ancien séminariste, "
J'ai appris à faire mon métier avec le respect pour les
produits que nous préparions, avec le plaisir de les préparer
et la répugnance pour toute forme de gaspillage. J'ai grandi dans
ma profession avec l'obsession que faire de la cuisine, c'est toujours
plus ou moins tuer des vies, qu'elles soient animales ou végétales,
et c'est respecter les produits que nous travaillons et que nous transformons.
Quand on prend vraiment conscience de cela, on ne peut plus cuisiner
n'importe comment. Silence… Sahara… André Costabel – 3 rue du Moulin à Vent
30540 Milhaud, (…) Se ressourcer, se recueillir dans le silence, et peut-être
entendre les clameurs des mystères, quelle belle perspective !
Vivre pendant une période un face à face avec la nature
(ce que notre civilisation urbaine ne permet plus), c'est retrouver ce
que nous sommes réellement dans le cosmos. Regarder la nuit l'immense
valse des milliers de milliards de galaxies, c'est oublier nos prétentions
et mesurer dans le concret combien nous sommes infimes. Un exemple :
si notre galaxie était ramenée à 100 km de largeur,
notre système solaire aurait la dimension d'une tête d'épingle
et la terre ne serait visible qu'au microscope. L'univers est démesuré mais
les avancées de la science nous permettent d'y déceler
une cohérence. La gigantesque usine chimique de l'univers se précise.
Elle crée du minéral qui, par la catalyse organique, peut
devenir de la matière vivante. C'est au moins ce qu'un ignare
comme moi croit comprendre. La question hier farfelue de savoir si nous
sommes seuls dans l'univers devient sérieuse et met en cause
bien des croyances. |
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