CORRESPONDANCE UNITARIENNE | octobre 2003 |
Franc-maçonnerie et unitarisme | |
“ Si
les religions peuvent être utilisées pour alimenter le feu
de la guerre, Le mouvement unitarien, à l’échelle
planétaire, est aussi multiple que l’est l’Ordre maçonnique,
fait de chapelles souvent discordantes, d’ambitions personnelles,
de scissions, de volontés à peine avouées de se démarquer
des autres par le sentiment que l’on a de posséder la vérité,
etc. Je ne citerai comme exemple que les différends entre unitarisme
chrétien et unitarisme universaliste ! La seule nuance –
mais elle est de taille – est que, dans le mouvement unitarien,
nul ne prétend imposer sa vérité aux autres, au nom
d’une sacro-sainte régularité qui
n’est en fait qu’un triste ersatz de l’excommunication romaine. Il n’y a pas de réponse globale à la
question de savoir comment l’unitarisme est perçu par la
franc-maçonnerie française. On sait que, parmi les principales
obédiences, l’une est dite dogmatique (la Grande loge nationale française, GLNF) ;
d’autres libérales (La
Grande loge de France, GLF, et la Grande loge traditionnelle et symbolique,
GLTS) ; d’autres enfin qui, en 1877, avaient suivi le Grand Orient
de France dans sa décision de supprimer toute référence
à un principe supérieur, se déclarent adogmatiques
- tout en affichant en réalité un athéisme bon teint. Mais au-delà des obédiences, il y a les Rites,
et c’est là qu’interviendra l’acceptation ou
le rejet de l’unitarisme. Dans notre pays, seul le Rite écossais
rectifié se dit chrétien. Il est principalement pratiqué
à la GLNF et à la GLTS. Voici par exemple les prières
dites à l’ouverture des travaux : Grand Architecte de l’Univers, Être éternel
et infini, qui es la bonté, la justice et la vérité
même, ô Toi qui, par ta parole toute puissante et invincible,
as donné l’être à tout ce qui existe, reçois
l’hommage que les Frères réunis ici en Ta présence,
t’offrent pour eux-mêmes et pour tous les autres hommes. Bénis
et dirige toi-même les travaux de l’Ordre et les nôtres
en particulier. Daigne accorder à notre zèle un succès
heureux, afin que le Temple que nous avons entrepris d’élever
pour Ta gloire, étant fondé sur la Sagesse, décoré
par la Beauté et soutenu par la Force qui viennent de Toi, soit
un séjour de paix et d’union fraternelle, un asile pour la
vertu, un rempart impénétrable au vice, et le sanctuaire
de la Vérité ; enfin pour que nous puissions tous y trouver
le vrai bonheur, dont Tu es l’unique source, comme Tu en es le terme
à jamais. La prière de clôture est rédigée
en ces termes : Architecte suprême de l’Univers, source unique
de tout bien et de toute perfection, ô Toi qui as toujours voulu
et opéré pour le bonheur de l’homme et de toutes tes
créatures, nous te rendons grâce de tes bienfaits paternels
et nous te conjurons tous ensemble de nous les accorder suivant tes desseins
sur nous et selon nos propres besoins. Répands sur nous et sur
tous nos Frères ta céleste lumière ; fortifie dans
nos cœurs l’amour de nos devoirs, afin que nous les observions
fidèlement. Puissent nos assemblées être toujours
affermies dans leur union par le désir de Te plaire et de nous
rendre utiles à nos semblables. Qu’elles soient à
jamais le séjour de la paix et de la vertu, et que la chaîne
d’une amitié parfaite et fraternelle soit désormais
si forte entre nous que rien ne puisse jamais l’altérer. S’agit-il de prières ? Nous pensons plutôt
à des invocations dont il
ne serait pas inintéressant d’analyser, en d’autres
lieux et temps, la portée théologique. Mais le fait demeure
: le Rite écossais rectifié se réfère clairement
à un Grand Architecte
– volonté cosmique - dont l’essence dépasse
de loin la notion imprécise en vigueur dans les autres Rites. On
n’est pas loin de la déification du
Grand Architecte, conception qui ne pouvait qu’être rejetée
en bloc par les obédiences dites adogmatiques. Au sein même du Rite écossais rectifié,
les choses se compliquent dès que l’on quitte les trois premiers
degrés d’Apprenti, Compagnon et Maître, pour accéder
– via un 4ème degré intermédiaire
– à l’Ordre intérieur qui englobe les degrés
supérieurs du Rite. Exige-t-on un certificat de baptême pour
y parvenir ? Un non chrétien peut-il y prétendre ? Jean
Tourniac, dans son ouvrage bien connu Principes et problèmes
spirituels du Rite Écossais Rectifié et de sa chevalerie
templière (Dervy-Livres 1969), répond clairement par la
négative en insistant sur le fait que ce n’est pas une question
de racisme qui l’interdit, mais uniquement de différence
de religion. Nous réalisons pleinement ce qu’une telle position
peut avoir de révoltant, mais il faut rappeler que, pour certains,
l’Ordre intérieur ne constitue pas un système de hauts
grades maçonniques, mais une structure chevaleresque indépendante
dont les pseudo origines templières ont fait couler beaucoup d’encre,
de qualité souvent douteuse. L’Ordre intérieur est-il, de nos jours, un
bastion de l’intégrisme catholique ? La réponse est
indéniablement positive pour certains Grands prieurés –
instances administratives qui gouvernent ces degrés dits supérieurs
-, plus délicate pour d’autres.
Intégrisme, avons-nous dit ! Le mot peut apparaître blessant
à certains qui préfèrent l’atténuer
sous le vocable de stricte observance. Mais la stricte observance de quels principes ? Doit-on,
pour accéder à l’Ordre intérieur, adhérer
à la plus totale orthodoxie catholique romaine ? Les travaux s’y
déroulent au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
! C’est dire qu’un chrétien unitarien, refusant le
dogme de la Trinité qui n’a aucune base évangélique,
ne saurait accéder à l’Ordre intérieur, sauf
à renier sa foi ! On réalise ce qu’une telle discrimination
peut avoir de choquant. Il semble évident que, se prétendant
chrétiennes, les instances supérieures du Rite écossais
rectifié - qui refusent les candidats de confession israélite
ou ceux qui ont suivi un parcours personnel les éloignant de l’intangible
ligne de conduite vaticane, comme les unitariens - sont à mille
lieues des principes évangéliques qui commandent la tolérance
et l’amour fraternel, sans égard à la race, à
la religion ou à l’orientation théologique. Dans les obédiences libérales, la règle d’or est de s’abstenir de tout échange de vues d’ordre politique ou religieux, et c’est très bien ainsi. A la seule exception – regrettable il faut l’admettre – citée ci-dessus, l’unitarien se sentira donc à l’aise dans la franc-maçonnerie libérale - puisqu’on y respecte la liberté de penser -, plus à l’étroit sans doute dans les obédiences qui se disent athées, bien que certains chrétiens unitariens en soient membres. Jean-Marc van Hille a écrit sur les religions : et si vous vous intéressés par la Marine, sachez que Jean-Marc est officier
de marine R et passionné d’histoire :
COMMUNICATIONS ET ARTICLES PUBLIÉS :
Le transport par navires semi-submersibles, Pétrole et Techniques,
n° 318, août 1985. A forgotten branch : The Vanhilles of
Louisiana, The Louisiana Genealogical Register,
volume XLVIII n° 2, juin 2001. Un navigateur méconnu, Cosmas
Indicopleustès, négociant-armateur à Alexandrie au
VI° siècle, Chronique d’Histoire Maritime, n° 39, 1999. Un marin hors du commun, le commodore
John Paul Jones, père de la marine américaine, Chronique
d’Histoire Maritime, n° 43, juin 2001. Un contre-héros de
l’Indépendance américaine, le major Benedict Arnold,
Chronique d’Histoire Maritime, n° 45, décembre 2001. Les débuts
de la marine américaine, Chronique d’Histoire
Maritime, n° 50, mars 2003. |
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