novembre 2004 |
Je crois en Dieu… oui, mais… ! | |
Voici donc quelques réflexions personnelles nourries heureusement par la pensée d’auteurs qui, avant moi, se sont penchés sur le sujet et ont très bien exprimé ce que je pensais confusément. Pour dire l’indicible, le transcendant nous n’avons que nos pauvres mots humains et le seul langage qui nous permet de nous en approcher un peu est le langage symbolique. La Bible en est un merveilleux exemple. Seulement voilà, les auteurs bibliques de même que Jésus et les évangélistes se sont exprimés dans les catégories de leur culture et de leur époque. Ils ont écrit avec leur conception de l’univers : un monde vertical, avec Dieu « en haut », les hommes au milieu et les morts en dessous. Tout notre langage en est encore imprégné puisque, même dans le domaine non religieux cette conception sert à exprimer des valeurs morales comme : monter dans l’estime de quelqu’un, tomber bien bas, atteindre les sommets de la gloire, etc…Et, aujourd’hui, la théologie et la liturgie l’utilisent encore abondamment. Bien sûr, au lieu d’un Dieu physiquement situé « en haut » nous avons accepté l’idée d’un Dieu qui est « au-delà » dans un sens spirituel ou métaphysique. Mais ce qui me pose problème, personnellement, c’est cette image mentale que nous continuons à porter en nous d’un Dieu « là-bas », « au dehors » qui « existe » au-dessus et au-delà du monde qu’il a créé ; un Dieu « à » qui nous adressons nos prières et « vers » qui nous allons lors de notre mort. Le Magistère affirme cette existence « en soi » et « pour soi » de cet être divin en dehors de nous et séparé de nous. Et si Dieu nous était « intérieur » ? En tout cas, pour moi, Dieu est le contraire d’un être surnaturel vers lequel on peut se tourner, et sur qui on peut compter pour intervenir « de l’extérieur ». Cela change évidemment le rapport personnel au divin puisqu’on ne s’adresse plus à quelqu’un d’extérieur mais qu’il s’agit de rentrer au plus profond de soi-même. Il y aurait là de toutes nouvelles attitudes religieuses et
un nouveau vocabulaire liturgique à inventer. Pour essayer de
préciser l’idée de profondeur je
me joins à Bernard Feillet pour citer Marcel Légaut. Pour
lui Dieu serait « Ce qui est de moi, qui ne pourrait être
sans moi et qui n’est pas que moi » Il m’est, en tout cas, difficile de dire « je crois en Dieu » …tout court, sans me sentir aussitôt assimilé à tous les dogmatismes en vigueur. Je dirais donc plutôt : Je crois en Dieu …oui, mais voilà ce que je mets dans ce mot… . Mais je préfère professer ma foi, ma confiance en Jésus de Nazareth, le Christ tel qu’il nous apparaît dans les Evangiles. Il est pour moi LE REVELATEUR. Celui qui à travers son expérience personnelle nous fait découvrir que ce fond infini, inépuisable de tout être humain c’est l’AMOUR. Il veut nous faire comprendre que l’Amour qui nous habite constitue l’essence même de notre vie. Je serais tenté de penser que Jésus nous révèle non pas Dieu incarné en un seul homme mais sa réalité en chacun de nous. Ainsi, si nous voulons faire exister Dieu ce ne peut être que dans la rencontre avec nos frères humains en faisant sortir des profondeurs de notre être cet Amour capable d’aller jusqu’au-delà de la mort. Voilà ce que je crois aujourd’hui et que j’essaie bien humblement de vivre. Herman Van den Meersschaut, novembre 2004 (*) L’ébranlement des fondations, paru en Angleterre en 1949 Paul Tillich, théologien protestant. |
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