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 Les chroniques



    Rachid Armanios

 

 

 

   

 

Mgr Fernando Saenz Lacalle, archevêque de San Salvador, membre de l'Opus Dei, a interdit le jésuite J. Sobrino d'enseignement et de publication, jusqu'à la révision exigée de ses écrits sur Jésus.

C'est la première condamna-tion d'un théologien sous Benoît XVI. J. Sobrino était un ami de Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, assassiné en 1980 par les Escadrons de la mort.

Il a enseigné à l'Université d'Amérique centrale de la capitale salvadorienne, où six autres jésuites ont été assassinés en 1988.

Le Monde du 16/03/07

 

 


Les cathos ! Arrière toute !

 

 

Le pape sourd aux appels des fidèles

Seuls les naïfs seront déçus. Le texte doctrinal qu'a publié hier Benoît XVI ternira encore l'image d'une Eglise catholique rigide et autiste. Dans ce document, le pape donne des gages à son aile la plus conservatrice et remet au pas les progressistes. Célibat des prêtres, divorcés-remariés, refus de l'intercommunion avec les non-catholiques... Le Souverain Pontife ne bouge pas d'un iota dans ces dossiers, affichant à nouveau officiellement le déni de réalité de l'Eglise.

Alors qu'une écrasante majorité de catholiques demandent l'abandon du célibat obligatoire des prêtres, le Vatican s'accroche à cette règle parfois très mal vécue, imposée difficilement au IVe siècle. Chaque fois que le sujet revient sur la table, Mgr Bernard Genoud, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, justifie l'interdiction romaine, avant de plaider pour une forme de compromis: l'ordination de viri probati, ces hommes mariés qui ont fait leurs preuves dans l'Eglise. Mais c'est là pure rhétorique.

Autre dossier sur lequel le pape se montre intransigeant: le refus de la communion aux divorcés remariés. Que l'Eglise exalte le mariage est naturel. Mais stigmatiser ceux qui échouent, c'est fermer la porte à près d'un couple sur deux sous nos latitudes. Situation difficile, un bon divorce vaut pourtant mieux qu'un mauvais mariage. Bon prince, le pape accepte la communion pour les couples recomposés à condition qu'ils vivent comme des amis, comme frères et soeurs.

Une incongruité qui en rappelle une autre: l'Eglise tolère l'homosexualité et les homosexuels, pas l'acte homosexuel. A ce propos, le pape officialise dans son texte l'ingérence de l'Eglise dans les débats politiques sur les unions libres – une discussion des plus brûlantes dans la très catholique Italie. Ou sur l'euthanasie. Cette ingérence serait de bonne guerre si elle n'en devenait indécente.

Alors que Maurice Papon était comparé au Christ par le curé qui l'a enterré, ou qu'Augusto Pinochet recevait des funérailles religieuses, ce dernier honneur était refusé à l'Italien Piergorgio Welby, qui avait obtenu d'être euthanasié.

Serrant d'un côté la vis, le Vatican multiplie les signes d'ouverture envers les plus réactionnaires, interdisant des «innovations» liturgiques qui rendent pourtant la messe plus attrayante. En attendant de libéraliser la messe tridentine – une main tendue aux intégristes lefebvristes qui n'ont jamais digéré l'aggiornamento du Concile Vatican II –, il demande que les prières les plus connues soient récitées en latin.

Comment dit-on «arrière toute!» dans cette langue morte?

Richad Armanios, article paru dans le journal catholique suisse Le courrier, 14 Mars 2007