Les chroniques    11|06|2001

Une boîte de conserve périmée  Imprimer


Personne n'a entre ses mains une théorie explicative et apaisante du monde, ni la solution toute faite aux problèmes socio-économiques. En politique comme dans la vie quotidienne, l'éthique devra primer. Pour construire le "Royaume", il faut le vouloir. Et le risque, c'est de revenir en arrière ou de s'arrêter dans la recherche, c'est de chercher d'autres dieux plus accessibles que ce Seigneur exigeant, des dieux qui s'appellent : petite vie tranquille, sécurité, succès, richesse.

On se souvient de la phrase célèbre d'Alfred Loisy : "Jésus a prêché le Royaume de Dieu et c'est l'Église qui est venue." Dans l'hebdomadaire allemand Stern, la théologienne Uta Ranke Heinemann n'avait pas craint de comparer son Église (catholique) à une boîte de conserve périmée. "L'Église est une boîte de conserve d'hier et même d'avant-hier. Ses dirigeants ne remarquent pas que la date de péremption est depuis longtemps dépassée."

Il me semble que suivre l'enseignement de Jésus ce n'est pas tant suivre un catéchisme doctrinal, adhérer à des dogmes ou à une confession de foi, c'est plutôt coller à son Projet, c'est vivre nos choix, nous engager concrètement selon nos convictions.

Là où la foi est vécue par des gestes de respect mutuel, de justice, de vérité, une communauté n'est pas une vieille boîte de conserve périmée mais elle préfigure, elle anticipe, peut-être maladroitement, ce que sera pleinement le Royaume : joie des pauvres, lumière des aveugles, rassasiement de tous ceux qui ont faim et soif de justice.

Pierre Bailleux. 11|06|2001